L'épouvantail du modèle allemand
Les deux hommes
se sont bien rencontrés. C'était il y a deux mois à l'Elysée. Peter Hartz
souhaitait inviter François Hollande à un colloque (proposition que le chef de
l'Etat français a déclinée). L'entretien, informel, avait duré une heure, selon
les indications de l'Elysée. Dans l'esprit
de François Hollande, en répondant à cette sollicitation allemande, il
s'agissait de témoigner de la considération qu'il porte à son principal
partenaire européen. Le président
français a toujours pensé qu'il fallait se montrer aimable et respectueux avec
Angela Merkel pour espérer obtenir des concessions ou un assouplissement de la
posture allemande. Mais pour
l'Elysée, il est totalement hors de question que Peter Hartz devienne un
conseiller du président.
Et pourtant,
les réactions sont aussi vives que si c'était fait.
Parce que la
révélation de cette rencontre intervient au moment où François Hollande assume
une politique différente. Plus tournée vers l'offre, afin de soutenir une
croissance indispensable à la création d'emploi. François
Hollande refuse le terme de tournant, mais il y aura bien, dans son quinquennat
un " avant " et un " après " 31 décembre 2013. Avant François
Hollande appliquait la politique classique des socialistes : maîtriser la
pression fiscale tout en resserrant les déficits, et en forçant la dose sur les
emplois crées par l'Etat. Aujourd'hui,
François Hollande se revendique social-démocrate et assume une vraie politique
de l'offre. Il promet de réduire les charges sociales, avec contreparties, et
d'accentuer la baisse des dépenses. Avant le 31
décembre, seul l'Etat se mobilisait pour l'emploi. Aujourd'hui, l'Etat entend
être secondé par les entreprises et la société toute
entière.
Ce qui
ressemble à la politique mise en œuvre en Allemagne il y a dix ans avec ce
fameux Peter Hartz que François Hollande a rencontré il y a deux mois.
De là à dire
que François Hollande s'est placé lui-même sous l'influence allemande, il n'y a
qu'un pas, allègrement franchi par ceux que ce tournant idéologique heurte. François
Hollande lui, se distancie de la méthode allemande, il refuse de baisser les
allocations chômage ou de créer des mini-jobs comme outre-Rhin. Son Premier
ministre, Jean-Marc Ayrault prône un " nouveau modèle français ", pas une copie
du modèle allemand. Mais par ces
temps de maigre confiance envers l'éxécutif, par ces temps d'échec sur la courbe
du chômage, l'idée que François Hollande soit capable d'inventer un nouveau
modèle économique innovant et efficace semble assez peu
concevable.
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