Cet article date de plus d'onze ans.

La politique, la conscience et l'action

Le président de la République avec son homologue allemand à Oradour sur Glane. Le Premier ministre en pleine polémique à l'Assemblée nationale, pour défendre l'implication de la France aux cotés des Etats-Unis en Syrie. Deux images fortes, et assez contradictoires...
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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D'un côté, il y a le silence. De l'autre, il y a le verbe. Le silence du recueillement s'impose à
Oradour. L'Assemblée est le lieu de l'affrontement
verbal. Il y a pourtant un point commun  à ces deux expressions antinomiques de la
démocraties.

C'est la barbarie d'un crime qui a tué
par le feu à Oradour, comme il a gazé des hommes, des femmes et des enfants en
Syrie. Oradour, c'était il y a 69 ans. Le temps
de la réconciliation est venu. La Syrie c'était il y a quelques jours, le 21 août,
et en France, les responsables politiques débattent de la légitimité d'une
éventuelle sanction.

**François

Hollande a quand même fait allusion à la Syrie, à Oradour sur Glane...**

François Hollande n'a pas cité précisément
la Syrie, mais il parle bien d'hier et d'aujourd'hui quand il promet le respect
des principes bafoués à Oradour, le refus de l'inacceptable partout, la défense
des Droits de l'Homme près de chez nous et loin d'ici. Dans un lieu de recueillement comme
Oradour, aux cotés du président allemand, François Hollande s'abstient de tout
propos polémique,. Le chef de l'Etat en appelle à "nos consciences". Mais de la conscience à l'acte, en politique,
le chemin est compliqué.

 

**Car à

l'Assemblée, la question n'est pas de prendre conscience de ce qui se passe en
Syrie...**

La conscience de la barbarie est
partagée sur tous les bancs. là n'est pas le débat. Le problème, ce sont les conséquences de
la réponse.La majorité met en avant les risques de
l'inaction: "La passivité ne peut être une
option". explique Jean-Marc Ayrault pour lequel "Ne pas réagir fermerait la porte
à un règlement politique" de cette guerre civile. Le gouvernement met en avant des risques
à l'échelle internationale. A l'inverse, l'opposition met en avant
les risques institutionnels. Si la France s'allie aux seuls Etats
Unis, son action sera illégitime, et sa position dans le monde affaiblie et par là même celle de François Hollande. Deux types de principes s'opposent. Le principe
institutionnel et le principe moral. Les deux étant forcément liés.

Ce qui veut dire que la situation est
inextricable ?

Sans feu vert de l'Onu, rien ne peut
être décidé, plaide l'opposition, rien ne pourra être fait. Tandis que François Hollande pense pouvoir
réunir une coalition, pour agir,  avec les européens qu'il rencontrera en Russie.S'il y parvient, un autre débat s'ouvrira
alors, sur la légitimité d'une telle coalition. Mais si le Congrès américain soutient
Barack Obama lundi, ce débat sera peut-être dépassé avant d'avoir été mené. L'opposition accusera le suivisme de François
Hollande. Le chef de l'Etat dira qu'il a assumé ses
responsabilités présidentielles.

Les deux arguments seront versés dans la
" machine à juger la politique " de l'opinion.

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