Cet article date de plus d'onze ans.

La poule est-elle la moitié du coq ?

Le sexisme au cœur de la polémique à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas la première fois, ce travers est largement répandu sur les bancs de l'Assemblée française. Dans un pays dont l'emblème est un coq, la poule est loin d'être l'équivalent féminin du volatile gaulois.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Le coq est
le roi de la basse-cour... La poule n'est
donc pas l'alter égo du coq, et les françaises le vérifient depuis longtemps. Les femmes,
en France, n'ont obtenu le droit de vote qu'en 1944, bien après les Etats-Unis (en
1919) ou la Grande Bretagne (en 1928). Les françaises
partent de loin. Elles n'ont toujours pas rattrapé leur retard. Dans les
conseils généraux, elles sont moins de 10%. Deux femmes
président des régions (il y en a 22). Elles
représentaient 5% des députés en 1945, presque 27% aujourd'hui... Après de
longues années de stagnation sous les 10%, jusqu'en 1997. Les vieilles
habitudes sexistes demeurent, et l'incident de cette nuit en témoigne.

Un député qui caquète comme une poule pour
caricaturer le propos de sa collègue, c'est le fruit du sexisme ordinaire.

Le monde politique
n'est pas très imaginatif. Christine
Lagarde avait subi le refrain "  tout va très bien madame la marquise "
pour décrier son discours. Edith
Crésson avait été accusée d'enfiler les perles de son collier. Et Cécile
Duflot s'est heurtée à des quolibets moqueurs, sous prétexte qu'elle portait
une robe à fleur. Tout cela n'est
pas nouveau, c'est vrai. Ce qui change,
c'est que les femmes, de plus en plus nombreuses, ne laissent plus passer.

Plusieurs dizaines de femmes ont fait une
arrivée spectaculaire dans l'hémicycle.

Les premières
femmes investies dans ce monde d'hommes, un peu seules, avaient adopté les mœurs
viriles de leurs collègues. C'est
Michèle Alliot-Marie qui voulait être appelée madame le ministre. Devenues un
peu plus nombreuses, mais très minoritaires toujours, elles étaient en
rivalité. Les mots les plus cruels sur Ségolène Royal n'étaient pas forcément
le fait des hommes. " la présidentielle
n'est pas une question de tour de taille ", c'est une femme, qui l'avait dit. Aujourd'hui  les femmes sont minoritaires, cela n'a pas
changé. Mais elles sont suffisamment nombreuses pour se serrer les coudes, et
refuser ce sexisme ordinaire.

Est-ce que les mentalités vont changer pour
autant ?

Pas
forcément. Un vieux briscard sexiste le sera toujours, mais il exprimera son
penchant de moins en moins fort. Pourquoi ?
parce qu'il sera montré du doigt, et sanctionné. Comme le député caqueteur. Cet après-midi,
on a vu des députés d'opposition  regretter
la gesticulation menée par la majorité, et l'accuser de faire le jeu des extrêmes. Mais l'on a
vu aussi, des députés plus jeunes, embarrassés, tenter de se tenir à distance d'un
débat dont ils se seraient bien passés. La gauche,
dans les rangs de laquelle se trouve la victime, en a sans doute rajouté. Mais au
final, la sanction est tombée, adoptée à l'unanimité, gauche et droite confondues
donc. Gesticulation
ou mobilisation, elle a porté ses fruits. Certaines
habitudes sexistes vont devoir se perdre.  

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