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L’ambition historique de François Bayrou

Devenu maire de Pau, l’ancien candidat centriste à la présidentielle se dit déçu par François Hollande. Il estime que la situation politique lui donne raison. Il est l’invité de « questions d’info » sur LCP avec l’AFP, le Monde et France Info.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Il y a des échecs qui marquent. La présidentielle de 2007, les législatives de 2012. Mais François Bayrou se réconforte : cela lui a "permis d’être maire de Pau". Ce mandat le comble. Du coup, il observe la vie politique avec un appétit de gourmet. Il distille ses analyses avec une gourmandise relevée de la certitude de celui qui avait compris avant les autres. Sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, par exemple. "J'étais en effet fasciné par la mobilisation de moyens sans précédent. Mais permettez-moi de dire que ce n'était pas la première fois. 2007 et avant. En 95, il y a eu aussi des choses de cet ordre. Et simplement le Conseil constitutionnel a passé l'éponge sur toutes ces choses ".

Une pichenette pour exposer une analyse que François Bayrou considère comme majeure. Le clivage politique le plus important aujourd'hui est déterminé par la vision de l’argent. "Il y a deux projets de société qui sont en confrontation. Le premier de ces projets, c'est celui qui pense que l'argent est désormais, pas seulement le nerf de la guerre, mais la mesure de la valeur de l'action des hommes, que ceux qui réussissent, c'est ceux qui gagnent de l'argent, vous reconnaîtrez des phrases célèbres. Et il y a une autre sensibilité qui est la mienne, c'est que l'argent n'est qu'un outil, que les choses essentielles de la vie, celles pour lesquelles on est capable de donner sa vie, celles pour lesquelles on élève ses enfants, ces choses essentielles, elles ne se mesurent pas en argent ".

La formule n’est pas sans rappeler le discours de François Mitterrand, sur "l’argent qui corrompt, qui achète, qui écrase, qui pourrit la conscience des hommes". C’était lors de la création du PS à Epinay en 1971. Est-ce que cela veut dire que François Bayrou se voit toujours devenir président de la République ? C’est là que sa démarche est originale. Depuis son échec en 2012, François Bayrou ne parle plus de cette échéance. Il se tient en retrait, observe, et livre quelques analyses, de temps en temps. Comme aujourd'hui.

Il a manqué à François Hollande "la vision

Après le score du FN aux européennes, l’implosion de l’UMP et le marasme du PS, François Bayrou prédit le pire. "Je sens venir l'orage dans la période où nous sommes. Peut-être que dans trois ans vous me direz : 'vous vous êtes trompé', je serais ravi de m'être trompé, parce que les orages généralement ce n'est pas très facile à affronter. Je pense qu'il y a une telle déconnexion, un tel délabrement de notre système politique, de nos institutions, une telle fragilité de notre économie, un tel chahut dans la société française, et personne pour donner des repères. vous, vous croyez qu'on va arriver à 2017 sans accident. Et moi je ne crois pas qu'on arrive à 2017 dans le même cadre qui est le nôtre aujourd'hui ".

La nature de l’accident n’est pas précisée, mais la mauvaise conduite du pilote l’est. "Qu'est-ce qu'il lui a manqué ? Il lui a manqué la vision. Je pense qu'il a été trop, pendant longtemps, dans ses habits d'homme plutôt du PS . J'ai dit un jour, tout à fait très tôt dans cette période, j'ai dit qu'il fallait qu'il comprenne que son rôle n'était pas un rôle politique, mais un rôle historique" . François Hollande n’aurait pas le sens de l’histoire, contrairement à François Bayrou peut-être ? "Contrairement à ce que vous croyez, je n'écris pas l'histoire à la première personne ". Ce qui signifie que François Bayrou a quand même le sentiment de pouvoir écrire l’histoire.

L’interview de François Bayrou accordée à la chaîne parlementaire, le Monde, l’AFP et France info est à voir en intégralité sur LCP ce mercredi soir à 20h30, et sur notre site France Info.fr

 

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