Le triple A français menacé par une agence de notation.
Le triple A, c’est comme une décoration au revers du veston de la majorité. Si la France mérite toujours cet insigne, c’est parce que l’actuelle majorité a osé faire les réformes difficiles, que le gauche ne ferait pas, comme les retraites.
L’idée que cette note puisse être dégradée dans les prochains mois a donc de quoi inquiéter la majorité. Une telle décision ruinerait la crédibilité dont se prévaut Nicolas Sarkozy, face aux socialistes, irresponsables et inexpérimentés.
Du point de vue de l’opposition, l’annonce de l’agence Moody’s devient donc un argument contre le gouvernement…
Evidemment, les socialistes se font un plaisir de lister les causes de cette éventuelle dégradation, imputable au gouvernement.
Jérome Cahuzac, le président socialiste de la commission des finances à l’Assemblée.
« la consommation des ménages est faible, rien ne la stimule. L’investissement faiblit, rien n’est fait pour le favoriser. Et le commerce extérieur est déficitaire comme il ne ‘la jamais été, et rien dans ce budget ne permet d’espérer une amélioration. Dès lors que rien dans ce budget ne permet de corriger la situation, on eput craindre une altération de la croissance économique de notre pays, et c’est la raison une des trois principales agences de notation met notre pays sous surveillance, faute pour les pouvoirs publics de prendre les mesures qui s’imposent. »
Mais la ministre du budget Valérie Pécresse n’est pas de cet avis. Ce qui inquiète les agences de notation, ce n’est pas la politique actuelle, mais celle que proposent les socialistes.
« je ne suis pas sûre que quand les agences de notation entendent le projet du PS, avec la kyrielle de dépenses qui va avec, le choc fiscal, les agences de notation soient rassurées. Je pense au contraire qu’ils estiment qu’il y a peut-être un risque politique en France aujourd'hui, c’est pour cela qu’il y a la règle d’or. »
La règle d’or, c’est un engagement sur la résorption de la dette sur plusieurs années.
Dans l’immédiat, cette prééminence des agences de notation est très contestée.
Pour les communistes, c’est une atteinte à la démocratie parlementaire. Roland Muzeau, président du groupe à l’Assemblée.
« aujourd'hui les agences de notation se considèrent comme le gouvernement du monde. Elles dictent aux peuples ce qui doit être fait dans leur pays. C’est tout à fait inacceptable, c’est la fin de la démocratie. Puisque la démocratie suppose tout de même que les peuples décident des politiques qui doivent être menées chez eux. C’est vraiment insupportable. »
Il n’y a pas que des communistes, et la gauche qui s’indigne, à l’UMP aussi, les agences de notation agacent.
Lionnel Luca, député UMP des Alpes Maritimes.
« il est invraisemblable que l’on voit des Etats vaciller comme un château de carte, les uns après les autres parce que des agences privées donnent des bons et des mauvais points. Quand on voit la succession d’etats et non des moindres... on a l’impression d’une sorte de Ball-trap, que mènent les agences privées contre les Etats, et je crois que le sommet du G20 peut être l’occasion de poser la question de leur légitimité à être les nouveaux patrons du monde »
Soulever le problème au prochain G20, cela c’est dans les mains de Nicolas Sarkozy.
Et les députés, que proposent-ils ?
Pour le socialiste Henri Emmanuelli, la solution existe, mais elle n’est pas libérale.
« je ne crois pas que la gauche au pouvoir va réformer les agences de notation, si c’est ce que vous voulez me faire dire. Tout le monde connaît la recette. Il suffit qu’on autorise la banque centrale européenne à racheter de la dette au fonds de stabilisation européen. A c moment là ce ne sont plus les marchés qui feront el taux, mais la banque centrale. Et le seul obstacle à ça, c’est l’idéologie libérale. »
Et Valérie Pécresse, la ministre du budget a une autre solution, plus contraignante pour la gauche, voulue par les agences de notation.
« elles demandent la règle d’or parce que la règle d’or protègera la France contre tous les aléas politiques, et qui obligerait les socialistes à avoir un programme responsable et raisonnable. »
Seulement pour cela, il faudrait les voix de 3 parlementaires sur 5. et, avec la victoire de la gauche au Sénat, c’est prendre le risque d’un échec. Ce qui inquièterait peut-être encore plus les agences de notation.
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