Cet article date de plus de treize ans.

Les équipes de François Hollande se préparent à affronter Nicolas Sarkozy.

François Hollande sera officiellement investi candidat du PS à la présidentielle samedi. Mais d’ores et déjà, et même depuis longtemps, ses équipes se préparent. L’un de ses proches, le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault était l'invité de l’émission "questions d'info", sur la chaîne parlementaire, avec l’AFP, le Monde et France Info.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Franceinfo (Franceinfo)

Cela fait longtemps que Jean-Marc Ayrault est un proche de François Hollande. Tous deux étaient les chevilles ouvrières à l’extérieur du gouvernement Jospin, de 97 à 2002. L’un au groupe parlementaire, l’autre au parti.
Aujourd'hui, ils s’entendent parfaitement, l’un comme l’autre affiche la même détermination, peu soucieux de se laisser déstabiliser par les attaques de la majorité.
La convention de l’UMP hier, fait plutôt sourire Jean-Marc Ayrault : "Tout ça est caricatural et presque ridicule. Ça montre à quel point la majorité est paniquée. Elle est paniquée. On voit bien qu'il n'y a pas de stratégie, qu'il n'y a pas de vrai pilotage. On les voit sur les défensives, ils n'ont pas d'autre solution que d'attaquer. Mais il faut être sérieux quand on attaque. Franchement Nicolas Sarkozy va laisser la France dans un plus mauvais état qu'il ne l'a trouvé. Mais pire encore que ce que nous imaginions."

Une situation difficile, mais des voix de sortie existent. Les socialistes veulent profiter du budget pour promouvoir leurs solutions, via les niches fiscales notamment.
Les précisions de Jean-Marc Ayrault : "Le Conseil national des finances a dit qu'il y avait, à peu près, 20 mds de niches fiscales inutiles. C'est considérable. Il faut avoir du courage. La défiscalisation des heures supplémentaires, la TVA dans la restauration. Ça ne fait déjà pas loin de 10 milliards. La taxe supplémentaire sur les mutuelles : nous allons demander la suppression. Ça ne sera pas voté à l'Assemblée, mais au Sénat ce sera voté. Ensuite les députés de l'UMP qui savent bien que dans leur propre électorat ça ne passe pas seront obligés de le remettre dans la loi de finances. Donc chacun sera face aux responsabilités."

Car une majorité de gauche au Sénat, cela ne permet pas à l’opposition parlementaire d’avoir le dernier mot, mais de beaucoup mieux faire entendre sa voix.

Mais il n’y a pas que l’opposition à la droite qu’il faut organiser, le candidat Hollande doit aussi penser à ses futurs alliés, en interne et en externe.

En interne, c'est-à-dire en France, il faut négocier une entente avec des éventuels alliés : écologistes, communistes et radicaux.
Un contrat de gouvernement clair et précis, c’est ce que veut François Hollande selon Jean-Marc Ayrault : "ce programme négocié avec nos partenaires doit aboutir, et c'est le souhait de François Hollande, et qui me paraît extrêmement important à un contrat de majorité. On ne va pas devant les électeurs aux élections législatives sans savoir ce qu'on va faire ensemble, sans qu'il y ait un contrat qui donne de la confiance aux citoyens. Pour la négociation de ce contrat, il faut qu'il y ait les représentations de François Hollande ?
Ça ne peut pas se faire sans le candidat. Si le candidat à la présidentielle propose un projet aux français et que parallèlement il y en a un autre qui est négocié avec des partenaires, ça n'a aucun sens. Donc c'est le bon sens et c'est le bon sens qui va prévaloir parce que c'est la question de la crédibilité et de l'efficacité."

La crédibilité et l’efficacité, cela se prépare aussi en dehors de la France, au niveau européen.
Une bonne entente avec l’Allemagne est indispensable.
C’est ainsi que Jean-Marc Ayrault révèle qu’il a déjà pris langue avec l’entourage d’Angela Merkel : "J'ai eu l'occasion plusieurs fois de rencontrer des dirigeants allemands, de l'opposition socialistes, mais aussi chrétiens-démocrates y compris le bras droit de la chancelière que j'ai vu dès le mois de février. Je lui ai dit : « je suis content de vous voir parce que dans quelques mois vous serez encore au pouvoir et nous serons peut-être à la tête du pays ». Et donc il voulait connaître. Ce sont des gens réalistes. Ils savent très bien que si François Hollande est élu président de la République, il l'aura préparé avant, mais c'est avec lui qu'ils travailleront. Quand on est homme d'État ou femme d'État on sait aussi faire face à ses responsabilités."

Mais cela, cela ne se décidera éventuellement que dans 7 mois.

Avant cela, il faudra vaincre le président sortant, Nicolas Sarkozy.

Une bataille qui sera rude, Jean-Marc Ayrault en est persuadé.
Car d’après lui, tous les coups sont possibles, le pouvoir n’hésitant pas à mettre les moyens de l’Etat au service du maintien au pouvoir du président et des siens.
Jean-Marc Ayrault : "La République ne peut pas continuer avec cette confusion des genres d'un service qui est le service de la France et qui est mis au service d'un parti politique, qui est mis au service du président de la République Nicolas Sarkozy. C'est ça qui est grave. C'est que la République aujourd'hui ne marche plus comme elle devrait marcher. Il faut la remettre à l'endroit. Il faut garantir l'indépendance de la justice. L'indépendance de la presse. Il y a beaucoup de choses à changer.
Avec les gens qui sont au pouvoir, je pense qu'ils sont prêts à tout. Pourquoi ? Pour garder le pouvoir. Ils ont cette obsession de garder le pouvoir.
Ils disent n'importe quoi jusqu'à mentir."

Une attaque en règle.
Autant dire que coté François Hollande, la bataille électorale pour 2012 est lancée.

L’interview de Jean-Marc Ayrault est diffusée en intégralité ce soir sur la Chaîne parlementaire, à 19h30 puis 23h30.

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