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Les socialistes trop sûrs d'eux ?

Est-ce l'euphorie de la primaire ? Ségolène Royal se voit présidente de l'Assemblée, Arnaud Montebourg lance son mouvement politique... Mais la réalité politique et économique pourrait très vite rattraper le PS et son candidat François Hollande.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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Le PS actuellement, c'est comme un automobiliste au volant d'une voiture de sport qui pense que rien ne peut lui arriver, que la route lui appartient, que l'autre là-bas sur la voie de droite est forcément un pilote du dimanche.
Jusqu'au jour où la chance tourne.

Bon, on peut aisément comprendre l'allégresse des socialistes...
Succès populaire de la primaire, des sondages époustouflants, le basculement du Sénat, une envie de gauche dans le pays comme cela ne s'était plus produit depuis 30 ans, un parti qui part uni dans la bataille...
_ Mais si la vitesse est grisante, la précipitation est dangereuse.
Franchement, cette agitation post-primaire est regrettable. Cela fait discussion de marchands de tapis : à moi ce poste, à toi celui-là.

Cela donne l'impression que tout est joué, que l'élection présidentielle n'est qu'une modeste étape, la haie la plus facile à franchir pour arriver au pouvoir.
Et obtenir le pouvoir pour le pouvoir et uniquement pour le pouvoir après tant d'années de sevrage.
Bref, une impression plutôt malsaine, en totale contradiction avec les discours tenus ces dernières semaines sur la République du respect à construire.
Un appel au calme, à la retenue, bref dégonfler les ardeurs et les têtes de beaucoup, serait le bienvenu pour éviter le dérapage incontrôlable.
Car cet excès de zèle, cette certitude de l'emporter, ce partage des responsabilités ministériels ou institutionnels avant l'élection, certains, dans l'histoire de la 5ème République, l'ont vécu.
Ils ont connu la même période de frénésie, voire d'hystérie. Valéry Giscard d'Estaing en 1980, Edouard Balladur en 1994.
Vous connaissez la fin de l'histoire pour ces deux-là.

L'appel au calme pourrait venir directement de François Hollande qui doit aussi composer avec le projet du PS.
Un projet qui se révèle économiquement difficile à appliquer.

Samedi dernier, lors de la convention d'investiture, il a prévenu que tout ce qui lui arrivait ne durerait pas.
Cette hollandemania va s'estomper. C'est lui qui l'affirme.
_ Qui peut raisonnablement croire qu'il battra, comme les sondages l'indiquent aujourd'hui, Nicolas Sarkozy avec 60% des suffrages au second tour ?

Le principe de réalité va rattraper le député corrézien quand nous entrerons vraiment dans le dur de la campagne c'est à dire en début d'année prochaine.
François Hollande a, au moins, le mérite, publiquement tout au moins, de ne pas rentrer dans le petit jeu politicien de celui qui promet telle ou telle mission à celui-ci ou à celle-là.
Il sait que ce serait dévastateur pour lui, pour son image de candidat normal, pour son image d'homme d'Etat qui veut rompre avec la rupture sarkozyste.
Très bien pour François Hollande qui apparait au-dessus de la mélée, qui laisse ces petites manoeuvres et mesquineries aux entourages des uns et des autres.
Il a très bien appris les leçons chiraco-mitterrandiennes.
Avoir les mains dans le cambouis de l'appareil d'un parti sans se salir.
Se salir pour Hollande, maintenant, ce sera probablement de changer de projet et de priorités.

La promesse de création de 60.000 postes dans l'éducation, ce sera compensé par des baisses de postes ailleurs sans plus de précisions a affirmé l'ancien ministre Michel Sapin.
François Hollande a défendu le projet pendant la primaire.
Un projet bâti sur une perspective de croissance de 2,5%.
Or, les indicateurs économiques sont dans le rouge.
Le gouvernement pourrait encore baisser ses prévisions, 1,75% pour le moment.
Et ce matin, l'un des soutiens de François Hollande, Jean-Marc Ayrault, d'expliquer que le budget 2012 du gouvernement est obsolète mais que le projet du PS reste d'actualité. Allez comprendre.
Pierre Moscovici, autre fidèle du candidat socialiste, disait lui sur France Info : "Ajuster le projet sans se renier".
_ Une phrase passe-partout pour expliquer au final que tout est à revoir.

Car, l'an prochain, en pleine crise mondiale, la crédibilité en matière économique des candidats, Hollande et Sarkozy en tête, sera un facteur déterminant du choix des Français.

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