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Marine Le Pen, une intuition extrémiste

La présidente du Front national fait marche arrière après s'être interrogée sur la barbe et le chèche des anciens otages détenus au Sahel. Le FN pratique souvent la provocation mais Marine Le Pen n'est-elle pas allée trop loin, au point d'ailleurs de reconnaître elle-même une forme de maladresse ?
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Exactement,
et c'est assez rare pour être souligné. Marine Le
Pen corrige une maladresse d'expression. La
présidente du Front national pratique comme les autres leaders politiques. Les prises
de positions sont codifiées et graduées. Quand il
s'agit de frapper fort, et susciter une polémique, le vocabulaire est
définitif. Le
responsable politique condamne, condamne fermement, et somme les personnes
qu'il entend dénoncer de s'expliquer.****

Ce n'était pas la posture de Marine Le Pen ce
matin. 

La
présidente du Front national avait choisi le premier niveau de la contestation,
quand il s'agit uniquement de se tenir un peu en dehors du jeu, sans pour
autant rester silencieux : l'interrogation. Dans ce
cas-là, vous aurez des phrases du genre : " je n'accuse
personne, je pose la question 
", ou, comme Marine Le Pen se disant
dubitative  " ce matin :  Cet " habillement
étrange mérite, peut-être, quelques explications de leur part 
",
avançait la numéro un frontiste.

L'avantage
de cette formulation interrogative, c'est de préempter une posture. Si la
polémique devait se développer, la présidente du FN ferait valoir son
antériorité, supposée garantir la pertinence de sa position.

Et si, comme c'est le cas, la polémique se
retourne contre Marine Le Pen...

Elle peut
accuser les " fabricants industriels de polémique  " , autrement dit
les media et ses opposants, de volontairement sur-interpréter une simple
interrogation. Ce qu'elle n'a pas manqué de faire aussitôt. En même
temps, ce qui est dit, est dit, même corrigé, et ceux qui ont été étonné de
l'habillement des anciens otages continueront de se reconnaître dans
l'argumentaire de la présidente du Front National. Une nuance
cependant. C'est la
première fois depuis qu'elle est président du Front National que Marine Le Pen
revient et atténue son propos. Souvent le
FN a des intuitions justes des ressentiments des français. Cette
fois-ci, il semble être allé trop loin et ne pas avoir ressenti la simple émotion
de familles émues et d'une pudeur extrême.  

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