Michel Sapin, la social-démocratie à la française
Il est aussi l'un des ministres qui a déclaré un patrimoine
assez conséquent cette semaine. Mais il assume. A ses yeux, une nouvelle façon de pratiquer la politique s'ouvre,
celle du non cumul des mandats, de la parité, et de la transparence sur le
patrimoine.
"On fait de la politique
librement quand on assume ce que l'on est. Je vais dire les choses
autrement : il y a énormément de fierté à être fils d'ouvrier ou d'une
famille extrêmement populaire et à réussir en politique. Mais il n'y a pas de
honte à être fils d'une famille bourgeoise et de réussir et de faire de la
politique. "
Ce qui est donc le cas de Michel Sapin. En revanche, ce qui ne peut s'assumer, ce sont les conflits d'intérêts,
entre un mandat parlementaire et, le métier d'avocat d'affaires, qui utilise le
carnet d'adresse du politique. Directement visés par Michel Sapin, Jean-François Copé ou François
Fillon.
"Nous on publie notre patrimoine avant même que la loi
ne soit votée. Très bien, on a raison. On a mis fin au cumul des mandats des
ministres avant même que la loi ne soit votée : très bien. Le président de
la République a eu raison. Ils pourraient, et ils pourraient se permettre après
de donner des conseils aux autres et de donner des leçons aux autres plus
facilement s'ils se mettaient hors de ces situations de conflits d'intérêts. "
Michel Sapin assez offensif, donc.
Mais son portefeuille,
c'est la lutte contre le chômage, et la dialogue social, et là-dessus, le gouvernement
est à la peine.
Le chômage augmente, l'accord sur la sécurisation de l'emploi
divise, et notamment à gauche. Pourtant, cet accord, Michel Sapin y tient, non seulement
parce qu'il compte sur son application en matière d'emploi, mais aussi parce qu'il
représente une méthode nouvelle, selon lui.
"La méthode, c'est fondamental. On peut réformer en
France en profondeur par le dialogue social et par l'accord entre les
partenaires sociaux. c'est une forme de social-démocratie à la française.
C'est-à-dire le dialogue social à la française. Moi, j'entends deux sons sont
en désaccord avec ça, une partie du patronat qui dit : " le dialogue
social, c'est perdre son temps ". Et j'entends une autre partie, ceux qui
croient toujours être l'avant-garde du prolétariat, et donc d'être plus
intelligents que le prolétariat. Mais si on faisait confiance au
prolétariat ? Disons-le aujourd'hui, si on faisait confiance aux salariés
et à leurs organisations syndicales ? C'est ce que nous faisons. "
L'aile gauche du PS doit se le tenir pour dit, la ligne de François
Hollande en matière budgétaire, et
sociale, est la bonne. D'ailleurs l'objectif de l'inversion de la courbe du chômage
est maintenu, à la fin de l'année.
"Si vous voulez me dire par là : est-ce que vous
confirmez l'objectif qui a été exprimé par le président de la République de
l'inversion de la courbe du chômage, on va le dire très clairement, qu'à la fin
de cette année il y ait moins de chômeurs que le mois précédent ? Oui, cet
objectif nous le confirmons ."
Le véritable enjeu politique réside dans cette conjugaison
au futur. Les résultats ne sont jamais immédiats, il faut l'assumer, selon
Michel Sapin.
"il y a une difficulté bien connue dans ce domaine,
c'est qu'entre le moment où on prend une décision dans l'économie ou le social,
et le moment où ça a un effet dans la réalité, il y a un temps, qui est un
temps insupportable pour celui qui est au chômage et qui attend l'emploi. Mais
c'est ce temps-là qu'il faut gérer. Mais ce temps-là se traverse comment ?
Avec de la continuité, avec de la cohérence et avec de la combattivité . "
Autrement dit : pas question de changer de cap.
Michel Sapin, invité
de "questions d'info" sur LCP, avec le Monde, l'AFP et France Info. L'intégralité
de cet entretien est diffusée à 19h30 sur La Chaîne Parlementaire, et dès maintenant sur franceinfo.fr
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