Nicolas Sarkozy n’est plus le maître du temps
Nicolas Sarkozy n’a pas 36 solutions. Face au soupçon, émis par l‘institution judiciaire, il n'y a que deux attitudes possibles : Si l’on se sait coupable, reconnaître ses torts, et les relativiser. C’est la posture Cahuzac.Sinon, clamer son innocence, et crier au complot. C’est la posture qu’adoptera sans doute Nicolas Sarkozy. C’est la posture que l’ancien chef de l'Etat a toujours adoptée, face à ses mises en cause dans des affaires qui, selon lui, ne le concernent pas.
Un retour poussé par l'affaire Bygmalion
Une mise en examen au moment où Nicolas Sarkozy s'apprête à retourner dans l'arène, poussé par une autre affaire : l’affaire Bygmalion, et la supposée double comptabilité de sa campagne électorale, pour ne pas dépasser le plafond légal autorisé.
Jusque-là, Nicolas Sarkozy a laissé le soin à ses amis, ou ses visiteurs anonymes mais autorisés, d’expliquer son innocence et son "obligation" de se réinvestir dans la vie politique, pour se défendre, et remettre de l’ordre dans une opposition de droite qui ne lui a toujours pas trouvé de remplaçant. Cette mise en examen, pour corruption active, contraint Nicolas Sarkozy à répondre directement, lui-même, aux questions des journalistes. C’est la première fois qu’il réapparait dans ces conditions, depuis sa défaite en 2012.
Un rythme imposé par les juges
On connaît sa capacité de rebond. Ses amis disent qu’il n’est jamais meilleur que dans l’adversité. La situation peut-elle se retourner en sa faveur ? Jusque-là, Nicolas Sarkozy a toujours rebondi en termes politiques. C’est d’ailleurs sa grande qualité. Il a toujours su, et pu, imposer son tempo politique. Quand éclate l’affaire des écoutes en mars dernier, il choisit de s’exprimer au dernier moment, pour s’indigner de sa mise en cause, il évoque des méthodes dignes de la Stasi (la police de l’ancienne Allemagne de l’Est). Même chose pour les élections européennes. Nicolas Sarkozy s’exprime au dernier instant pour livrer sa vision de l’enjeu.
Aujourd'hui pour la première fois, Nicolas Sarkozy subit le rythme de la justice. Ce sont les juges qui ont choisi le moment de sa garde à vue, puis de sa mise en examen. Ce sont les juges qui maitrisent le calendrier. Cela n’empêchera pas forcément Nicolas Sarkozy d’être candidat à la présidence de l’UMP, ni même d’être élu par des militants nostalgiques de sa gloire. Mais cela peut aussi éloigner les cadres et autres anciens ministres, qui ne cultivent pas forcément la mélancolie politique. La partie politique que va jouer Nicolas Sarkozy est inédite. Il ne dispose plus de la carte du temps, ni de celle de l’enthousiasme des troupes.
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