Changements de chefs, de nom... Les partis politiques français servent-ils encore à quelque chose ?
En cet automne, dans la majorité comme dans l’opposition, la plupart des partis politiques changent de chefs. Et c'est parfois inédit. L'édito de Renaud Dély.
C’est classique au lendemain d’une élection présidentielle : un nouveau cycle s’ouvre. Ce qui est inédit en revanche, c’est que les nouvelles têtes ne sont pas des cadors, mais des seconds, voire des troisièmes couteaux.
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Au Rassemblement national par exemple, Marine Le Pen passe la main. Et pour la première fois depuis 50 ans, ce n’est pas le nom de Le Pen qui prendra les commandes du parti d’extrême droite au prochain congrès, mais soit Jordan Bardella, soit Louis Aliot. Chez les Républicains, on ne se bouscule pas au portillon pour sauver ce qui reste de la droite : Laurent Wauquiez se tient à l’écart d’une compétition qui se résume, pour l’heure, à un duel entre Eric Ciotti et Bruno Retailleau. Et même Jean-Luc Mélenchon se désintéresse du sort de La France Insoumise et cède la place à ses successeurs, la présidente du groupe à l’Assemblée, Mathilde Panot, ou le coordinateur du parti, Adrien Quatennens.
Pourquoi une telle désaffection ? Parce qu’un parti, c’est devenu une gêne, un boulet pour un présidentiable. C’est en dirigeant le PS pendant dix ans que François Mitterrand a affermi son leadership sur l’opposition, avant d’entrer à l’Elysée en 1981. C’est le contrôle du RPR qui a sauvé Jacques Chirac face à la dissidence balladurienne en 1995. Nicolas Sarkozy a dû conquérir l’UMP avant de conquérir l’Elysée en 2007. Tout cela, c’est fini. Emmanuel Macron l’a démontré de façon spectaculaire se faisant élire sans parti en 2017 !
Ringards et poussiéreux
Mais alors, à quoi sert un parti ? A produire des idées, un programme, peut-on tenter. Mais non plus. Par exemple, Olivier Faure est quasi-assuré de rester le chef d’un PS qui a sombré dans un coma doctrinal depuis de longues années. Et l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve préfère lancer, hors PS, un manifeste pour reconstruite une "autre gauche social-démocrate et républicaine". Englués dans leurs dissensions internes, les Verts vont se doter, eux, d’un secrétaire national qui sera, une fois encore, largement inconnu du grand public. Quant aux marcheurs, ils se donneront le week-end prochain, un nouveau secrétaire général, lui aussi méconnu, l’eurodéputé Stéphane Séjourné. Et sa principale mission sera d’inventer un système de sélection du candidat macroniste pour 2027.
Bref, les partis sont devenus des lieux ringards et poussiéreux qui sonnent creux. L’indignation leur tient lieu de programme, les militants se sont transformés en twittos, et le clic a remplacé le tract. Au risque, fort inquiétant, que nos démocraties fatiguées ne soient plus gouvernées que par les sondages et les réseaux sociaux.
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