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Quand Vladimir Poutine redonne du souffle à tout le personnel politique français

Une fois n'est pas coutume, en proposant de contrôler les armes chimiques syriennes, Vladimir Poutine fait l'unanimité en faveur de sa proposition, mais pas forcément pour les mêmes raisons.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'est vrai,
à entendre les responsables politiques français aujourd'hui, ils ont tous envie
de croire au sérieux de la proposition russe. Il est vrai
qu'elle présente l'avantage de fournir
une porte de sortie honorable pour tous, même s'il ne s'agit pas de la même
porte. Il y a d'abord
ceux qui étaient opposés aux frappes punitives contre le régime de Bachar El
Assad... pour ceux-là, la proposition russe " coupe l'herbe sous le pied "
des américains.

Il n'y aura
pas de frappes dans l'immédiat, c'est tout le mérite de cette proposition.

"C'est
bien la preuve que le poids de l'opinion internationale et le bon usage de la
diplomatie permettent d'avancer" souligne le parti communiste. Pour les tenants
d'une solution exclusivement politique, l'avancée russe valide leur position.

Il y a aussi ceux qui n'étaient pas forcément
opposés à des frappes, mais qui contestaient la méthode Hollande.

Toute la pertinence
de la posture UMP et centriste résidait dans cette nuance. Oui, il
fallait réagir après l'utilisation d'armes chimiques par  la Syrie, mais sous réserve de nombreuses
conditions, le feu vert de l'Onu, le rapport des inspecteurs, l'approbation du Parlement,
et pas dans la précipitation solitaire propre au président de la République selon
l'opposition de droite. L'UMP ne
voulait pas donner carte blanche à François Hollande, ni accepter qu'il fasse
comme si son statut élyséen lui conférait ce blanc-seing dans le cas de la
Syrie, elle est exaucée.

Plus le
temps passe et plus François Hollande sera obligé de consulter l'Assemblée.

Les ténors
de l'opposition pourront alors critiquer longuement sa méthode, comme ils
critiquent aujourd'hui son initiative à contretemps. Un projet de
résolution aurait dû intervenir bien plus tôt, selon la droite. En tous les
cas, la Russie rallonge le calendrier des éventuelles frappes et, que sa
proposition aboutisse ou pas, elle redistribue la donne. De nouveaux
arguments seront de toute façon sur la table dans les prochains jours.

De nouveaux arguments pour l'opposition, mais
aussi pour François Hollande et le gouvernement.

Bien sûr, la
proposition russe redonne aussi de l'oxygène au chef de l'Etat français. François
Hollande était partisan d'une frappe rapide, après l'utilisation d'armes
chimiques. Mais cela n'a
pas été le cas. Reconstruire
une large coalition prête à approuver l'usage de la force allait prendre beaucoup
de temps. Dans ces
conditions, mieux vaut repartir sur de nouvelles bases, c'est ce qu'offre la
proposition russe. L'Élysée peut
toujours arguer du fait que c'est la pression exercée avec les Etats-Unis qui a
contraint Vladimir Poutine à accepter un contrôle des armes chimiques,
hypothèse qu'il refusait l'an dernier.

Finalement, la proposition russe fait du bien
à tout le monde en France.

Oui, parce
que tout le monde reprend son équilibre. L'opposition
avait été prise de vitesse, François Hollande  avait vu son objectif lui échapper. Aujourd'hui,
tout le monde reprend son souffle.

La course n'est
pas finie, mais au moins, chacun sait où il est, et d'où vient le vent.

 

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