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SNCF : un débat parlementaire révélateur des enjeux internes

À l’Assemblée aussi, les clivages sont nets, entre la majorité et l’opposition, mais aussi au sein de la majorité, et au sein même de l’UMP. Ou comment ce projet est en quelque sorte devenu LA réforme emblématique du moment.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Juste après l’incident des TER trop larges pour les quais, imputé à une mauvaise coordination entre la SNCF et Réseau Ferré de France - séparés en 1997 - le projet de réunification apparaît assez logique. Il est supposé stabiliser la dette du secteur, et préparer l’entreprise à l’ouverture totale à la concurrence. Certes, la CGT-Cheminots et Sud-Rail jugent que le projet ne va pas assez loin, mais le gouvernement semble confiant. Dix jours plus tard, les deux syndicats, soutenus par le Front de gauche, poursuivent une grève impopulaire. Tandis que le gouvernement, et sa majorité, affichent leur détermination. La droite, elle,  hésite sur la meilleure façon de s’opposer.

Finalement, la gauche apparaît assez divisée… plus que la droite en tout cas

La gauche est renvoyée à son vieux clivage, entre la gauche qui assume le pouvoir et celle qui se reconnaît mieux dans la protestation. Le gouvernement tient à cette réforme car son abandon constituerait  un signal dangereux. Toute autre réforme deviendrait impossible. Or la majorité veut exercer le pouvoir, et mener d’autres réformes (même si elle n’est pas d’accord sur leur contenu). Les socialistes et les écologistes assument d’autant mieux leur rôle que la grève est mal comprise, et donc assez peu populaire. Elle pénalise des usagers déjà touchés par la crise, et par conséquent peu enclin à l’empathie.

En revanche, du côté du Front de Gauche, le vocabulaire traduit cette appartenance à la gauche qui rechigne à exercer le pouvoir. André Chassaigne décrit un "gouvernement qui a besoin d’écrabouiller les organisations syndicales de résistance".

Le dialogue parlementaire apparaît bien difficile à nouer sur ces bases. C’est pourtant l’objectif du gouvernement, qui veut démontrer qu’après le temps du dialogue social, s’ouvre le temps du dialogue politique au Parlement.

La droite semble prudente

Là encore, on retrouve le vieux clivage classique, quelle que soit la couleur de l’opposition. Doit-elle être offensive ou constructive. Luc Chatel, le secrétaire général de l’UMP, par interim, avait opté pour l’opposition frontale. Il demandait le report du texte. Au grand dam de ses amis, pour lesquels cette position équivalait à rejoindre la revendication des grévistes. Impensable. L’UMP veut critiquer cette réforme sans pour autant faire le jeu du Front de gauche et des grévistes.

La majorité de ses députés devraient voter contre, mais sans faire durer les débats. Les centristes UDI penchent plutôt pour l’opposition constructive. Ils pourraient voter le texte à condition qu’il reste en l’état. Quant au Front national, visiblement, ses deux députés ne tiennent pas à s’illustrer sur le sujet. 

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