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Syrie: trois pièges pour François Hollande

Consulter les parlementaires à Matignon ne suffit pas. Pour l'opposition, François Hollande doit s'impliquer davantage auprès de la représentation nationale. Beaucoup réclament un vote au Parlement, sur le modèle du vote sollicité par Barak Obama. François Hollande apparaît sous pression.  
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
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C'est
vrai que sur le plan politique, François Hollande apparaît au cœur d'un piège et même de plusieurs. Il y a
bien évidemment le piège américain. Après le renoncement de l'anglais David
Cameron, faute de majorité au Parlement, voici les atermoiements de Barak Obama,
au nom des principes démocratiques.

Car le président américain ne doute pas de la
nécessité d'une intervention,  mais Barak
Obama  apparaît  soucieux  de son rôle, en tant que "président de la plus ancienne démocratie constitutionnelle." La puissance des Etats-Unis ne relève pas uniquement de sa
force militaire, elle s'enracine également dans une pratique démocratique
exemplaire. Et c'est bien cette notion d'exemplarité qui embarrasse
le plus François Hollande. Pourquoi le président français ne suivrait-il pas l'exemple
démocratique américain ?****

C'est sur ce point que l'opposition insiste,
notamment depuis Arcachon où sont réunis les amis de Nicolas Sarkozy.

La droite pose le second piège : si François
Hollande refuse le vote, c'est qu'il n'est pas démocratique. La posture est défendue par Jean-François
Copé. Le
président de l'UMP, ne conteste pas les choix du chef de l'Etat.

Il ne lui demande même pas un vote,
formellement (dans le Monde cet après-midi). Mais sans vote du Parlement, prévient Jean-François
Copé, François Hollande assumera seul, et pourra être accusé "d'agir en
solitaire". Alors qu'il prétend rassembler les français.

Ce n'est pas la première fois que l'opposition
accuse François Hollande de diviser les français.

  C'est vrai, sauf que cette fois-ci, la critique
pourrait également prospérer à gauche. Et c'est le troisième piège pour François
Hollande, la gauche est divisée. Une partie de son électorat rejette tout éventuel pas de deux avec la puissance
américaine (qu'une bonne partie a longtemps appelée l'impérialisme américain). Jean-Luc
Mélenchon étant le plus virulent sur ce point. Mais
chaque composante de la majorité tient à exprimer son identité, et à démontrer
son poids indispensable. Le
vote constitue le meilleur moyen de démontrer que l'on est indispensable.  

Cela veut dire que François Hollande est
coincé de tous les côtés ?

Cela veut dire qu'il a le choix entre des
inconvénients. Accepter un vote, alors que rien ne l'y oblige,
reviendrait à affaiblir la fonction présidentielle. Alors que cette fonction doit être "préservée",
souligne Manuel Valls l'un de ses proches du chef de l'Etat, pour lequel la pratique
de Constitution ne doit pas être modifiée en fonction du contexte.

"Où sont passés les gaullistes ?"  s'étonne un autre. Si le Président soumet
constamment ses choix au Parlement, c'est renier 60 ans de pratique voulue par
le général, et que l'UMP a confirmé en 2008. Il y a peu de raison que François Hollande cède
à ces pressions politiques avant même le vote du Congrès américain. Car
si le Parlement français adopte le principe de frappes punitives en Syrie, mais
que Barak Obama se retrouve impuissant lundi prochain, le 9 septembre. Que se
passera-t-il ? Un
nouveau vote ? des frappes en solitaire ? Le plus logique pour l'exécutif serait de
poser le débat en ses termes propres : le recours aux armes chimiques
peut-il rester impunité, sous le regard nucléaire des iraniens. Confronté
à trois pièges, mieux vaut temporiser.

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