Transparence : tout savoir pour mieux soupçonner
C’est toujours trop ou pas assez. Trop, parce que l’on se sent quand même assez voyeur en lisant le détail du nombre de lits, adulte et enfants, possédés par une ministre. Mais ce n’est jamais assez non plus, quand la liste est détaillée entre collègues autour d’un café, et que chacun compare son patrimoine avec celui de responsables politiques que l’on aurait cru davantage tournés vers l’épargne ou l’investissement immobilier.
Jean-Marie Le Guen a investi, lui. Justement, et la liste de ses bien immobiliers n’a pas convenu à la Haute Autorité, qui les a jugés sous-estimés. Le ministre maintient, l’institution a jugé sur le papier, par rapport aux prix du quartier, lui, il a estimé le bien en fonction de ses qualités et de ses défauts, qu’il juge importants. Après discussion, il a fini par se ranger à l’avis de la Haute Autorité. Laquelle a jugé utile, au nom de la transparence, de préciser qu’il y avait eu des corrections apportées à la déclaration initiale. En admettant désormais le caractère exact, exhaustif et sincère de cette déclaration.
Certains ont sans doute organisé leur patrimoine en conséquence
La transparence est donc totale, mais du coup, Jean-Marie Le Guen se retrouve soupçonné. C’est tout le paradoxe. Cette première sous-estimation du prix d’un appartement l’obligerait à quitter le gouvernement, selon certains UMP. Cette déclaration de patrimoine a déjà coûté un poste à une ministre. Yamina Benguigui n’avait pas mentionné les parts qu’elle détenait dans une société en Belgique. Contrairement à Jean-Marie Le Guen, elle n’avait pas voulu se ranger aux arguments de la Haute Autorité, qui a donc saisi le procureur de la République. Et Yamina Benguigui n’a pas été reconduite dans le gouvernement Valls.
La transparence a fait son œuvre. C’est la vision positive de cette déclaration de patrimoine. Aucun ministre ne doit se sentir à l’abri des foudres de la Haute Autorité. Ils sont désormais prévenus. Certains ont sans doute organisé leur patrimoine en conséquence. De ce point de vue, la transparence est entrée dans les us et coutumes politiques. Elle a peut-être moins pénétré les mœurs françaises. L’argent fait partie des sujets tabous. On sait combien il y a sur le compte épargne de chacun de nos ministres, mais pas combien gagne notre voisin de bureau.
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