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UMP- FN : le feuilleton continue

Jean-François Copé considère que l'UMP est menacée après les propos de François Fillon, qui considère qu'en cas de duel PS/FN aux élections, il faut voter pour "le moins sectaire des deux". Et la guerre entre les deux hommes ne va pas s'arrêter là...
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Non effectivement, Jean-François Copé n'a fait que planter le décor lundi matin dans
le Figaro. "C'est
l'avenir de l'UMP qui est en jeu
" a-t-il expliqué après les propos de
François Fillon sur le Front national. Jean-François Copé ne va donc pas
s'arrêter là. La phrase
est assez forte pour que lundi soir il en rajoute un peu sur le plateau du 20
heures de TF1. Le président
de l'UMP qui a toujours eu le sens de la dramatisation n'ira pas jusqu'à
demander l'exclusion de François Fillon mais il veut quand même prendre toute
sa famille politique à témoin. Il veut que
tous les responsables, tous les dirigeants de l'UMP, désavouent publiquement les
propos de François Fillon. Ils auront deux
occasions pour le faire. Le comité
politique de l'UMP mardi matin, et en bureau politique mercredi
matin. Mais
contrairement à la semaine dernière, François Fillon viendra... c'est ce qu'il a
fait savoir à son entourage.

Mais
pourquoi Jean-François Copé réagit-t-il comme ça... plus d'une semaine après les
premiers propos de François Fillon ?

C'est parce
que l'heure est grave, parce qu'il y a un risque sérieux d'implosion du
parti. Il n'y a pas
que Jean-François Copé qui le dit. Jean-Pierre
Raffarin est sur la même ligne. Pour
l'ancien Premier ministre, "le vote FN est une ligne de fracture pour l'UMP. 
C'est le pacte fondateur du parti qui est en cause...
" Alain Juppé
aussi, qui rappelle dans le dernier billet de son blog que "la stratégie
politique du FN n'est pas de se rapprocher de l'UMP mais de la
détruire.
"

Alain Juppé comme Jean-Pierre Raffarin n'ont pas oublié qu'ils ont créé l'UMP après le
21 avril 2002, après le second tour Chirac / Le Pen à la
présidentielle. Mais pour
l'instant tout le monde à l'UMP n'est pas sur cette ligne
intransigeante. François
Fillon a reçu le soutien de l'ancien ministre François Baroin. Et le
soutien de la Droite Forte, de Guillaume Peltier et de Geoffroy Didier, qui
estiment avoir marqué une victoire idéologique.

La
stratégie de François Fillon est-elle très risquée ?

Oui. François Fillon s'est démarqué, mais dans quel but ? François
Fillon cherche à séduire les militants UMP, ceux qui voteront pour la primaire
pour désigner en 2016 leur candidat à la présidentielle. C'est son
seul but. Mais le
risque, c'est que ce coup affaiblisse durablement son
parti. Pour
l'instant le FN se frotte les mains de voir l'UMP se déchirer de
nouveau. A l'UDI aussi on jubile. Jean-Louis Borloo ne cache pas qu'il attend déjà les déçus de
l'UMP les bras ouverts. Seul
problème : Jean-Louis Borloo avait déjà attendu les militants UMP les bras
ouverts lors des bisbilles Fillon / Copé lors de l'élection pour la Présidence
de l'UMP fin 2012 mais ça n'avait pas marché.

Le vrai
risque que fait prendre également François Fillon à l'UMP, c'est d'être
terriblement affaibli pour les municipales. Cela
brouille les repères à quelques mois d'un scrutin. Pourquoi, si
les électeurs UMP peuvent voter FN, ne voteraient-ils pas directement
Front national au premier tour ? Et tous les
candidats UMP en posture délicate, pourquoi n'iraient-ils pas faire alliance localement avec le FN ? Ce sont ces
questions là que François Fillon a soulevées. Et ce sont
ces questions-là qui risquent de diviser durablement
l'UMP.

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