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Valls à la recherche d'un vote refondateur pour Hollande

Un plan d'économies du gouvernement adopté, mais dans la douleur. Manuel Valls a volontairement dramatisé la portée de ce vote consultatif sur le papier, mais que le Premier ministre estime déterminant pour la suite du quinquennat. 
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Un
vote consultatif, cela veut dire que le gouvernement ne joue pas formellement
sa survie sur ce scrutin. Certains députés, dont certains proches
de Martine Aubry, en ont déduit qu'ils pouvaient en profiter pour adresser un
petit signal au gouvernement. Une "abstention positive", selon l'expression
de l'ancien ministre Christian Paul, une simple pression pour réclamer une
réorientation de la politique déterminée par le président de la République.

Mais
Manuel Valls récuse cette interprétation. Ce vote est décisif selon le Premier
ministre.

Le chef du gouvernement s'est exprimé
très clairement à la tribune de l'Assemblée mardi après-midi, il ne s'agit pas "d'un
vote à blanc, d'une simple indication". Non, Manuel Valls insiste fortement sur
la portée de ce vote : "Il conditionne la légitimité du gouvernement,
sa capacité à gouverner et la crédibilité de la France." De fait, Manuel Valls transforme ce vote
consultatif en nouveau vote de confiance.

Il ne
prend pas un grand risque, puisqu'il devrait obtenir la majorité des suffrages.

A priori, oui, Manuel Valls devrait
obtenir la majorité requise. Le groupe socialiste a plutôt bien réagi à son
discours mardi matin, notamment sur son engagement à travailler davantage avec les
députés à l'avenir. Le suspens ne réside pas sur le fait que
Manuel Valls décroche une majorité ou pas, mais sur le nombre et la qualité de
ceux qui refuseront d'approuver son programme.

Par ce vote, le Premier ministre veut clairement asseoir sa légitimité,
personnelle, et celle du nouveau dispositif mis en place par François Hollande. Car même s'il est en première ligne, même
s'il conclut son discours par une succession de "J'assume ! "
car c'est le "choix de la cohérence, du courage, de la confiance, de l'emploi,
de la fierté retrouvée, de la France
", derrière ce Premier ministre qui
assume, il y a un président : François Hollande. C'est lui qui a fixé la ligne. C'est lui
qui serait visé par une abstention importante, portée par les amis de Martine
Aubry.

Derrière
Manuel Valls, il y a donc aussi les autres points forts du dispositif
présidentiel.

Il y a Bruno Le Roux, le président du
groupe socialiste, qui s'interroge sur ceux qui "préparent il ne sait
quoi", comme un congrès anticipé par exemple. "Quand on n'arrive plus à vivre
ensemble, on en tire les conclusions" avertit le président du groupe. Le premier secrétaire est encore plus
explicite vis-à-vis de ceux qui votent contre : ce n'est "plus une
défiance, mais une sécession".

Les grands mots sont de sortie. Manuel Valls dramatise ce vote. Non pour
se mettre lui en danger, lui-même, mais ceux qui croient pouvoir affaiblir
impunément le couple exécutif, le Premier ministre et François Hollande. Ils
devront rendre des comptes, dévoiler leur stratégie, et dire clairement où ils
se situent. Cette séance opère comme si le vote de
confiance accordé par les députés à Manuel Valls n'avait pas suffi. Le président
et le Premier ministre éprouvent le besoin de refonder clairement leur majorité. 

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