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Verts : lamineurs de têtes d'affiche

Noel Mamère rend son tablier après plus de 15 ans dans le mouvement écologiste. C'est le seul vert à avoir passé la barre des 5% à la présidentielle. Mais il n'est pas le premier écolo que le mouvement réussit à écœurer.
Article rédigé par Marie-Eve Malouines
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

La liste
commence à être longue.

Il y a d'abord
eu Daniel Cohn-Bendit, l'ancien leader de mai 68 avait frôlé les 10% aux
européennes de 1999.

Fort de l'expérience
des verts allemands, et fort de cette popularité en France, Dany avait tenté de
faire évoluer les verts français.

Mais il s'était
heurté à certaines résistances internes.

Les verts
sont allergiques aux personnalités un peu trop charismatiques.

Ils les
soupçonnent de jouer perso, et Daniel Cohn Bendit a fini, lui aussi, par rendre
les armes.

A ce jeu-là
du "plus tu es populaire et plus tu es dangereux",  le plus suspect fut Nicolas Hulot, tellement
populaire et connu, qu'il fut rayé de la carte écolo par une primaire
éliminatoire.

L'embellie a
été de courte durée pour la gagnante, Eva Joly.

Une fois
essorée par une campagne présidentielle assez rude –y compris du coté de ses
amis verts qui négociaient avec les socialistes – l'ancienne vedette des palais
de justice a été mise sur la touche.  

Mais les
verts savent aussi rejeter leurs propres enfants. Alain Lipietz, pourtant un
historique chez les verts, a du renoncer à la présidentielle, tellement il a été
controversé par ses camarades, alors qu'il avait pourtant été officiellement
investi.

Comment expliquer cette capacité à éliminer
ses leaders ?

  Cela
rappelle la mythologie.

Kronos dévore
ses enfants par crainte d'être détrôné par l'un d'eux.

Et les verts
dévorent les leurs un peu par crainte de les voir devenir rois.

Les verts
ont une peur maladive des leaders trop populaires.

Quand ils
ont obtenu des députés européens pour la première fois, ils avaient inventé la
règle du tourniquet.

A la moitié
de son mandat, l'eurodéputé devait céder son siège à un autre vert. Il ne
fallait pas qu'il s'habitue à l'exercice du pouvoir.

Donc, dès qu'une
tête dépasse chez les verts, dès qu'elle acquiert une notoriété médiatique,
elle est soupçonnée de ne plus penser qu'à sa carrière personnelle.

Cette
méfiance perpétuelle et mutuelle alimente des jeux de pouvoir internes féroces.

 C'est
ce qui mène à la démission annoncée de Pascal Durand, un autre nom sur la liste
des leaders verts écœurés.

Le successeur
de Cécile Duflot a pris trop d'autonomie, négligeant les jeux d'appareils, il est
en réalité puni d'avoir trop valorisé ceux qui contestent la présence des
écologistes au gouvernement.

Fils d'une
communiste, exclu du PCF pour manquement à la ligne, il refuse les jeux d'appareil.

Ce sont ces
jeux d'appareil qui annoncent son prochain départ, de source sûre. Il est
acculé au départ en fait.

Ces
pratiques peuvent finir par coûter cher aux verts.

A force d'épuiser
les leaders, ils risquent aussi d'épuiser leur électorat.

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