L'empire des séries. "Columbo", le polar à l'envers
Chaque jour cet été, Laurent Valière nous plonge dans l'histoire des meilleures séries, et nous donne des idées de séries à voir ou à revoir. Dans les années 70, la série "Columbo" joue avec le télespectateur. Le coupable est présenté dès le début. Tout le plaisir est d'observer la façon de faire iconoclaste de l'inspecteur débonnaire.
Avec son imperméable éliminé, sa vieille Peugeot 403 cabriolet, ses perpétuelles références à sa femme invisible, ses cheveux hirsutes, le lieutenant Columbo ne faisait pas bien peur aux suspects qu’il interrogeait. En 1971, lorsque Peter Falk incarne pour la première fois cet inspecteur de police, le genre du polar avance d’un cran. Parce qu’à l’époque, les séries policières américaines se ressemblaient à peu près toutes à l’époque. Le degré de violence à l’écran avait augmenté en 1959 avec l’agent Eliot Ness dans Les incorruptibles ; mais sinon, ca tournait souvent autour de policiers ou détectives persévérants dont on connaissait peu la personnalité. Certains avaient un signe particulier, Mannix se faisait frapper quasiment à chaque enquête, Kojak était chauve et courageux. Et puis arriva ce policier plutôt fauché dans sa Peugeot 403 qui ne payait pas de mine.
Une mécanique immuable
Columbo est né sous la plume d’un duo d’auteurs qui par la suite créeront Arabesque, William Link et Richard Levinson. D’abord héros de deux téléfilms en 1968 incarnés par d’autres acteurs, il prend sa forme définitive sous la caméra de Steven Spielberg, et sous les traits de Peter Falk. La mécanique restera immuable. Chaque épisode dénué de tout générique s’ouvre par le meurtre, on voit le coupable, on voit la victime. Tout le plaisir du spectateur, c’est de regarder Columbo dénouer les nœuds, faire preuve d’esprit d’escalier et de jouer de ses phrases devenues gimmicks.
La série est franchement morale : la justice l’emporte toujours, Columbo arrive à déjouer les puissants et riches blancs qui sont coupables. Elle bénéficie d’un casting de choix. Au hasard des épisodes, on retrouve John Cassavetes, Faye Dunaway, Martin Sheen. Autant de meurtriers dont la personnalité est de plus en plus développée face au commissaire. Peter Falk incarnera en tout 69 fois ce lieutenant à l’écran jusqu’en 2003. Tous les épisodes sont disponibles sur la plateforme Prime Vidéo. Elle reste un modèle de série maligne, morale et dans la droite ligne des films policiers des années 70.
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