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L'empire des séries. "It's a Sin", 120 battements par minute au début de l'épidémie de sida

Russel T Davies (Years and Years, Doctor Who, Queer as Folk) propose sa série la plus autobiographique : "It's a Sin", dont le titre est inspiré du tube des Pet Shop Boys. Elle raconte sans fard l'apparition de l'épidémie de sida au début des années 80. 

Article rédigé par franceinfo - Laurent Valière
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Callum Scott Howells (Colin) heureux d'arriver à Londres dans les années 80 (2019 RED PRODUCTION COMPAGNY / ALL3MEDIA INTERNATIONAL / PHOTO NUMERIQUEand)

Royaume-Uni, 1981. Trois jeunes quittent leur foyer, direction la liberté à Londres. L’un pour l’Île de Wight. Son père lui glisse des préservatifs à son départ. Roscoe aime s’habiller en fille. Il envoie balader son père pasteur qui veut l’envoyer laver ses péchés au Nigeria. Le troisième, soigné mais un peu coincé, est embauché chez un tailleur. À eux la vie d’adulte et la fête. On découvre les pubs gays, les soirées débridées. Mais une maladie inconnue, qu’ils nient au départ, risque de les faucher, on l’appelle encore le cancer gay.

It's a Sin de Russel T Davies, est une série à la fois festive et triste, disponible sur Canal + et la platetorme MyCanal.

Silence de plomb

Russel T Davies nous avait émus avec la série Queer as Folk. Il avait renouvelé la série Doctor Who en en prenant les commandes. Il nous avait donné des frissons dans le dos, avec Years and Years, en montrant le populisme arriver au pouvoir en Grande Bretagne. It’s a Sin, dont le titre est inspiré du tube des Pet Shop Boys, est sa série la plus autobiographique. Il prend le parti de la candeur, et rappelle tout ce qu’on a oublié sur l’épidémie de sida et qu’il a vécu…

Le silence de plomb d’abord, les médias, les politiques qui n’en parlent pas et laissent mourir. L’ignorance : comment cette maladie se diffuse ? Les pompes funèbres qui refusent d’enterrer les corps. La difficulté pour ces jeunes d’accepter d’aller faire un test. Leur honte, leur solitude : ils fuient littéralement Londres, pour mourir dans leur famille. Des familles qui nient l’homosexualité de leurs enfants. Des voisins qui déposent des paquets de merde sur leur paillasson. Et des gays en plein déni au départ, parlent de manipulation anti-homosexuelle et rejettent ceux qui les alertent à coup de prospectus dans les bars.

La honte et la solitude

It’s a Sin, c’est comme le film 120 battements par minute de Robin Campillo, mais pris à la source de cette épidémie. Une série qui résonne en cette période de Covid et de Sidaction.

Une série magnifique, émouvante, qui donne envie de pleurer tout le temps. La genèse d'une autre épidémie, il y 40 ans….      

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