L'empire des séries. Sept grandes séries historiques. "Un Village français", chronique de la France sous l'occupation
Chaque jour cet été, on refait la généalogie des séries. Cette semaine, on explore les grandes séries historiques à gros budget. Dans "Un village français", Frédéric Krivine écrit avec le consultant historien Jean-Pierre Azéma une chronique passionnante et nécessaire de l'occupation dans un petit village en France.
Une leçon d’histoire. C’est le pari audacieux de Un village français. Villeneuve, dans le Jura en juin 1940. L’armée allemande envahit le village. Les habitants de maisons bombardées se réfugient dans une église. Le médecin dévoué, Daniel Larcher, devient maire. Il se met aussi à collaborer. Sa femme couche avec l’ennemi. Autour d’eux : un patron de scierie qui trompe son épouse, un employé syndicaliste et communiste, une institutrice… Avec Un village français, cette période sombre de l’occupation est racontée à hauteur d’homme à travers des destins pas toujours brillants. Pas d’appel du général de Gaulle dans la série : les auteurs, aidés de l’historien Jean-Pierre Azéma, s’attachent à montrer la réalité à l’époque. Cette France qui n’entend pas l’appel du 18 juin et cherche à s’accommoder de l’occupation. Ces Français pas forcément politisés mais qui débutent pour certains les compromissions, les petites lâchetés, et finissent par collaborer.
Le point de départ de la série, c’était pour les auteurs de prendre pour héros un médecin attachant, soucieux du sort de ses administrés et qui passe du mauvais côté. Un vichyste ordinaire joué par Robin Rennuci qui devient le rouage d’une machine infernale qui le dépasse. Les sept saisons de la série racontent la grande histoire à travers la petite : la révocation de la directrice juive de l’école; la mise en place de la résistance; l’invasion de l’URSS par l’Allemagne et les communistes qui entrent en résistance; la pendaison collective de résistants qui évoque le massacre de Tulle; la libération du village par l’armée américaine et l’épuration empreinte d’une grande sauvagerie. Philippe Triboit, réalisateur d’Engrenages, filme avec délicatesse et suspense les premières saisons.
Malgré des budgets réduits, la série reconstitue minutieusement les rues et boutiques de l’époque, l’évolution de la mode lorsque les jupes raccourcissent en raison des restrictions. Le casting est cinq étoiles : Audrey Fleurot, femme bovarienne du maire collabo, Thierry Godard, le chef d’entreprise adultère. Sept saisons sous la houlette du scénariste Frédéric Krivine. Une leçon d’histoire magistrale, des protagonistes qui ont tous à faire le choix entre résistance et collaboration. Une série historique comme on en redemande. Les sept saisons et 72 épisodes sont disponibles sur la plateforme Salto.
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