Yazid Ichemrahen, à Paris : "Le pâtissier travaille dans la technicité, la recette, le gramme près ; le cuisinier utilise son instinct et son cœur ; l'assemblage des deux me permet de réaliser des choses extraordinaires"

On le surnomme parfois le petit Prince de la pâtisserie. Yazid Ichem-Rahen a été champion du monde des desserts glacés à 22 ans, et il vient de prendre les rênes du sucré au palace Royal Monceau Raffles, à Paris.
Article rédigé par Bernard Thomasson
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Yazid Ichemrahen, champion du monde des desserts glacés, propose ses créations dans l'un des plus grands palaces parisiens. (ROYAL MONCEAU RAFFLES PARIS)

L'entretien avec Yazid Ichemrahen

Voilà un parcours d’exception pour un jeune homme qui n’a pas connu que des jours heureux dans son enfance. À l’âge de 2 ans, Yazid Ichemrahen est placé dans une famille d’accueil, à Chouilly près d’Épernay dans la Marne, parce que sa mère naturelle, alcoolique et toxicomane, le maltraite et qu’il n’a jamais connu son père.

Dans cette famille, chez sa tatie et son tonton – ainsi qu’il les appelle avec affection –, les deux enfants sont pâtissiers en grande surface. De quoi donner très tôt à Yazid le goût des gâteaux, qu’il confectionne aussi par besoin de reconnaissance : "Quand j'étais petit, je préparais des gâteaux au yaourt le mercredi quand j'étais sage, ce qui n'était pas fréquent, et j'étais fier de les présenter à la fin du repas. La pâtisserie m'a sauvé et m'a donné toutes les notes de justesses comme la rigueur, l'engagement, la régularité, l'humilité : tout ce que j'avais besoin de savoir dans la vie."

Intelligence intime humaine

Joël Robuchon a fortement marqué Yazid Ichemrahen, qui a travaillé pour lui à Monaco. Le jeune pâtissier s’est également formé avec Pascal Caffet, Meilleur ouvrier de France et Champion du monde, Angelo Musa, Jean-Luc Rabanel ou Philippe Conticini, des personnalités qui lui apprennent à cultiver une « intelligence intime humaine » comme il le dit lui-même.

Placé en foyer à 9 ans, Yazid flirte avec la délinquance mais il s’en sort grâce à un CAP de pâtisserie, une voie choisie en souvenir des gâteaux au yaourt de sa tatie. La suite devient un conte de fées pour le jeune homme. Champion du monde des desserts glacés à 22 ans, créations de gâteaux dans le monde entier, désormais à la tête des pâtisseries d’un des plus beaux palaces de France, Yazid doit ce fulgurant parcours à son travail, à son talent, à sa capacité de s’ouvrir avec bienveillance et humilité au monde qui l’entoure, et à son apprentissage entre cuisine et pâtisserie.

Sensibilité féminine

"Le pâtissier travaille dans la technicité, la recette, le gramme près, souligne Yazid. Le cuisinier utilise son instinct, son cœur et fonctionne sans réelle recette. L'assemblage des deux permet de réaliser des choses extraordinaires. Moi, j'aime regarder tout ce qui m'entoure – l'art, la mode – et j'observe les femmes car elles sont le vecteur des nouvelles tendances et sont les premières consommatrices dans nos salons de thé. Aussi, quand je crée un gâteau, j'essaye de faire ressortir ma sensibilité féminine."

3 ingrédients de base, 3 textures au maximum, des gâteaux pratiques à manger, Yazid Ichemrahen allie une simplicité apparente à une complexité de goûts. Il explique par exemple, dans l'émission, comment est composée sa tartelette aux fraises.

La tartelette aux fraises signée Yazid Ichemrahen, une pâtisserie d'été avec des fruits d'excellence. (ROYAL MONCEAU RAFFLES PARIS)

Yazid Ichemrahen va ouvrir une boutique sous son nom, à l’automne, à Paris. Il a raconté sa vie dans le livre Un rêve d’enfant étoilé, devenu un film en 2023.

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