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Afghanistan : malgré l'interdiction des Talibans, la vidéo d'une étudiante qui manifeste devant son université fait le tour du monde

Elle s’est rendue devant son université pour manifester seule avec une pancarte calligraphiée par elle et qui porte l’inscription "lis", tirée du Coran, pour revendiquer son droit à l’éducation.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marwa, 18 ans, manifeste devant sa faculté à Kaboul (Afghanistan), le 25 décembre 2022. (- / AFP)

À 18 ans, elle a décidé de tenir tête aux Talibans en manifestant seule, sans acolytes, juste avec une pancarte, devant l’université de Kaboul où depuis quelques jours suite à une l’interdiction décrétée par le gouvernement taliban elle n’a plus le droit de mettre les pieds. Elle s’est postée en face de la grille d’entrée, gardées par des hommes armés, et elle a brandi bien haut au-dessus de sa tête une pancarte, calligraphiée par elle, et sur laquelle ne figure qu’un seul mot : iqra, autrement dit "lis", étudie, instruis-toi.

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Elle explique que ce ne sont pas ses mots à elle mais bien, d’après la religion musulmane, le premier commandement soufflé par Dieu au prophète, lire, apprendre, un précepte qu’elle a voulu rappeler aux Talibans pour revendiquer son droit à l’éducation. C’était dimanche 25 décembre, dans la capitale afghane : la scène a durée 15 minutes avant qu’elle ne se fasse déloger et depuis, la vidéo a fait le tour des réseaux sociaux. Pour se protéger, elle se fait appeler Marwa ou Adela, et c'est donc sous pseudonyme qu'elle a accepté de répondre à la BBC.

Elle explique à la chaine britannique qu’elle est fière, qu’elle ne s’est "jamais sentie aussi forte" et surtout qu’elle sait qu’elle a raison : "Je sais que ma demande est juste, parce que c’est Dieu qui me donne droit à l’éducation. Donc non, les Talibans ne me font pas peur. Je n’ai pas eu peur." Effectivement, on voit à l’image que même menacée par les gardes elle ne bouge pas, ils essayent de la déloger mais rien n’y fait. Au contraire, elle interpelle l’un des militaires et lui demande s’il comprend ce qui est écrit sur sa pancarte, il s’énerve, la lui confisque et la chasse. Mais Marwa dit qu’elle reviendra, qu'elle n’est pas seule et que les afghanes de sa génération ont plus de chances de remporter ce combat que celles qui les ont précédées.

"Nous avons toutes les capacités pour résister, précisément parce que nous sommes éduquées, que nous connaissons nos droits et que nous ne lâcherons pas." Dans la foulée, elle appelle tous les garçons de sa génération à donner eux aussi de la voix, comme en Iran, et à l’heure où tout n’est que pessimisme lorsqu’on parle de l’Afghanistan, sa détermination secoue, interpelle, elle qui revendique l’espoir pour l’année qui commence et qui cite sa devise, les mots de Martin Luther King : "si tu ne peux pas voler, cours, si tu ne peux plus courir, marche, si tu ne peux plus marcher, rampe, mais quoi qu’il arrive, ne t’arrête jamais."

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