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Devant ses collègues du Giec, l’Ukrainienne Svitlana Krakovska alerte sur le lien entre le réchauffement climatique et la guerre

Lors de la dernière réunion en vidéo du groupe d’experts de l’ONU pour le climat, la représentante de l’Ukraine s’est exprimée depuis Kiev, pour dire que l’argent qui finance l’offensive russe vient de la même source que ce qui provoque le réchauffement climatique, l’industrie du pétrole et du gaz.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Svitlana Krakovska sur le compte Twitter de Climate Home News. (CAPTURE D'ÉCRAN)

C’est une météorologue qui se retrouve bien malgré elle frappée par une double actualité. Elle est membre du Giec, le groupement d’experts sur le climat de l’ONU, qui a rendu public son dernier rapport lundi, mais elle est aussi Ukrainienne, et toujours à Kiev.

Lundi 28 février, lors de la dernière réunion vidéo du groupe de scientifiques, Svitlana Krakovska, 53 ans, a donc pris la parole depuis son appartement dans la capitale Ukrainienne, avec le bruit des sirènes en arrière-plan. Impossible de ne pas entendre, impossible de faire comme si de rien n’était. Alors, même si le règlement du Giec interdit les commentaires politiques, elle a abordé le sujet, devant ses collègues, pour expliquer que guerre et réchauffement sont liés.

"L’argent qui finance cette agression est directement lié au changement climatique, a-t-elle lancé, puisque cet argent vient des énergies fossiles, pétrole et gaz. Si nous ne dépendions pas de ces énergies, la Russie n’aurait pas les moyens pour entreprendre cette guerre". Svitlana Krakovska précise que réduire notre consommation de pétrole et de gaz, c’est donc bon pour la planète et pour réduire la toute-puissance des pétroliers et gaziers qui financent la guerre.

Comme ses collègues des 195 pays, Svitlana Krakovska, figure scientifique dans son pays, décorée par le président Zelensky pour ses expéditions en Arctique s’est battue pour que ce nouveau rapport du Giec soit sans compromis, et non-édulcoré. Elle dit à la chaine Bloomberg son regret de voir la guerre éclipser le message des scientifique sur la menace climatique, parce qu’il n’y a plus de temps à perdre, la fenêtre d’action se referme, le réchauffement va plus vite que prévu, entraînant sécheresses à répétition, inondations partout, y compris ici en Europe.

L’humanité est confrontée au plus grand défi de son histoire, "et l’on sait qu’en conséquence, les conflits vont augmenter, des conflits pour s’approprier l’eau, les forêts, les derniers sols fertiles, or, si n’importe quel grand pays peut aujourd’hui s’emparer de son voisin juste parce qu’il l’a décidé, eh bien à l’ère du changement climatique, nous aurons perdu." Svitlana Krakovska a dit tout cela sur fond de sirène hurlante. "Mais il y a tout de même un point positif, confie-t-elle à Time Magazine, ce que prouve ce que nous vivons, ici en Ukraine, c’est que les gens peuvent s’unir, se mobiliser, et qu’il est donc possible de le faire aussi pour le climat et notre planète."

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