Guerre en Ukraine : le lieutenant-colonel Michelin commente tout, sauf la guerre
Ce militaire et son compte Twitter de 15 000 abonnés, est bien autre chose qu'un condensé de l'actualité des armées.
Parce qu'un soldat, ça ne réfléchit pas qu'en guerrier, à coups d'acronymes mystérieux et d'expressions réservées aux initiés. Le lieutenant-colonel Michelin, du 92e régiment d'infanterie, a choisi un autre chemin.
"J'ai le sentiment désagréable", écrit-il mercredi 23 mars, "qu'une partie de Twitter s'offre le frisson d'une guerre par procuration. Il faudrait quand même se rappeler que derrière l'affrontement à grands coups de vidéos chocs, depuis le confort d'un pays en paix, il y a de la vraie ferraille qui vole. L'impression, ici, d'être au coeur d'un attroupement de badauds qui regardent un accident de voiture."
J’ai le sentiment (désagréable) qu’une partie de Twitter s’appuie sur les outils de communication stratégique du conflit russo-ukrainien pour s’offrir le frisson d’une guerre par procuration. C’est sans doute inévitable, mais je peux pas m’empêcher de trouver ça malsain.
— Jean Michelin (@jean__michelin) March 23, 2022
La guerre, Jean Michelin connaît. C'est son métier, vous me direz. De son mandat en Afghanistan, en 2012, il a tiré un livre, Jonquille. Des récits, des portraits, des larmes, des rires, la mort, la vie, des moments angoissants ou paisibles. Pas en tous cas un livre de militaire qui, retiré des affaires, regarde son parcours, sa carrière. D'ailleurs, ce n'est pas une maison d'édition spécialisée qui en 2017 l'a édité, c'est Gallimard, la collection blanche, la plus réputée.
Son compte Twitter est à l'image de son livre. Il ne donne pas de leçon de stratégie, façon plateau télé ou grand amphi, il ne se comporte pas en maître de guerre ou de conférence. Il raconte, simplement. Par exemple, les "threads", ces fils Twitter : c'est drôle, parfois savant, souvent juste.
Ça parle, par exemple, d'un appel urgent du capitaine qu'il traite... en retournant dans son duvet. Ça parle du 14 juillet. Ça parle de tongs, d'AMX 10 ou du Liban. Ça parle des livres lus, des films vus certains soirs à Gossi, au Mali, dont Jean Michelin est revenu récemment. Si on est pas "fana-mili", si on était nul à Risk, le jeu de société, ou si on est pitoyable à World of Tanks sur internet, si on entrave rien à la chose guerrière, on peut quand même suivre Jean Michelin.
C'est même mieux parce qu'en ces temps belliqueux, où, après avoir été épidémiologiste, on est stratège, l'officier nous parle de femmes et d'hommes parce que c'est surtout ça, la guerre, en vrai...
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