Inde : à 18 ans, il se bat contre la pollution et demande des comptes aux pouvoirs publics
L’étudiant a déposé une requête examinée en ce moment par la Cour suprême, pour que les autorités indiennes prennent enfin des mesures efficaces alors que New Delhi traverse son plus grave épisode de pollution depuis six ans.
Depuis près d’un mois, la mégapole indienne subit son plus sévère épisode de pollution depuis six ans. Le taux de particules fines dans l’air est quarante fois supérieur au niveau d’alerte établi par l’OMS, à tel point que ce vendredi les écoles ferment et les habitants qui le peuvent sont invités à télétravailler chez eux.
D’où la requête déposée par Aditya Dubey, 18 ans, et examinée aujourd’hui par la Cour suprême sur la détérioration de la qualité de l’air et précisément l’inaction des pouvoirs publics, auxquels cet étudiant demande de prendre enfin des mesures. Tout de suite, pour l’urgence, mais aussi pour le reste de l’année, que les usines ne tournent plus au charbon, que les fermiers ne brûlent plus leurs déchets agricoles, que le secteur du BTP soit plus encadré, que les vieux véhicules disparaissent de la circulation.
"Change begins with us" @AdityaDubey2003
— #LetMeBreathe ™ (@LetMeBreathe_In) December 2, 2021
Recipient of the 2021 Legacy Award @DianaAward pic.twitter.com/0gN3DmGSVm
Si Aditya Dubey s’est lancé dans cette bataille, c’est parce qu’il est lui-même victime de l’air empoisonné. En 2016, alors qu’il avait 13 ans, il a enduré sa première crise respiratoire, un mélange difficilement soutenable d’asthme et de sinusite après un énième pic de pollution. Très vite, il réalise qu’il n’est pas seul, que ses amis aussi souffrent de maladies pulmonaires. Alors il se renseigne, compile des articles sur les sources d’émissions de CO2 et de particules fines.
Il comprend qu’il ne va pas arrêter tout seul les usines, ni les voitures, ni les brûlis agricoles qui enfument la région de New Delhi chaque automne. Sa solution pour agir à son échelle, c’est donc de lancer l’opération "Plant A MillionTrees", "Plantons un million d’arbres". "J’ai fait campagne sur les réseaux sociaux, explique-t-il au magazine The Verve, et puis j’ai commencé à distribuer des graines à tous ceux qui m’en ont demandé." Et ça a marché.
"J’ai peur qu’un jour on tombe dans une sorte de guerre civile où chacun se battrait pour se saisir du peu de ressources encore utilisables, où seuls les plus aisés pourraient se payer de l’eau potable et des purificateurs d’air (…) Mais ça peut aussi ne pas arriver, si le changement commence avec nous."
Aditya Dubey, prix Diana 2021au magazine The Verve
Les photos d’arbustes fraîchement mis en terre ont fleuri sur Twitter et Instagram, aujourd’hui 180 000 arbres ont été plantés et Aditya Dubey vient de recevoir le prix Princesse Diana, décerné tous les deux ans par ses deux fils Harry et William.
C’est flatteur, mais ça ne résout toujours pas le problème. D’où la nouvelle méthode de l’étudiant : depuis un an, il dépose des requêtes devant la justice, pour que le sujet soit abordé par les institutions, et pas juste sur les réseaux sociaux.
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