Cet article date de plus d'un an.

La Ghanéenne Yvette Tetteh réalise la première descente à la nage du fleuve Volta pour documenter la pollution aux microplastiques

Elle aura crawlé sur 450 kilomètres pendant 40 jours, à raison de six jours par semaine, ponctués de pause de 20 minutes régulières pour prélever des échantillons d’eau. Objectif : mesurer la pollution que constituent les microfibres plastiques issues des vêtements qui s’entassent dans les décharges ghanéennes.
Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Yvette Tettek sur les bords du fleuve Volta dans un reportage de TV3 Ghana. (CAPTURE D'ECRAN)

Elle est arrivée sous les applaudissements le mercredi 17 mai dernier à l’embouchure de la Volta, sur l’Atlantique, dans la banlieue d’Accra, au Ghana : Yvette Tetteh a réalisé un exploit et une première, descendre à la nage la Volta, ce fleuve qui traverse le Ghana du nord au sud avant de se jeter dans le golfe de Guinée. 450 kilomètres parcourus en 40 jours, à raison de six jours de nage par semaine, avec des poses régulières de 20 minutes, pour se désaltérer et manger bien sûr, mais surtout pour faire ce pour quoi elle a décidé d’accomplir cette traversée : prendre des échantillons d’eau, remplir des flacons pour les faire analyser et évaluer l’état de pollution du fleuve. 

Parce qu’au-delà de la prouesse sportive, l’objectif que visait Yvette Tetteh était de documenter la dégradation de la qualité de l’eau ces dernières années, la mesurer, mettre des chiffres sur un véritable fléau. Et la pollution dont on parle, c’est l’omniprésence des microfibres plastiques, ces particules qui viennent des vêtements que nous portons, nous habitants des pays du Nord. Par exemple ce tee-shirt dont on ne veut plus et qu’on va déposer consciencieusement dans une boîte à vêtements pour qu’il serve à quelqu’un d’autre, a de grandes chances de se retrouver dans le plus grand marché de vêtements d’occasion du monde : le Ghana.

15 millions de vêtements par semaine

Le Ghana importe quelque 15 millions de vêtements chaque semaine, et les invendus finissent dans d’immenses décharges, aujourd’hui saturées au point de se déverser dans le fleuve. 15 millions de vêtements par semaine, et autant de déchets en puissance. Yvette Tetteh, qui au départ n’est pas athlète mais PDG d’une entreprise de fruits secs à Accra, a décidé de s’impliquer. D’abord en s’engageant avec la fondation Or qui sensibilise aux ravages de la fast fashion, puis en lançant cette idée de descendre la Volta pour documenter la pollution. 

Yvette Tetteh explique dans une lettre ouverte publiée par The Guardian qu’avant, ces eaux étaient baignables, que le lagon de Korle par exemple qui borde la capitale Accra était jusqu’à il y a peu translucide et paradisiaque. Elle plaide donc pour revenir à ce stade, protéger, restaurer. Un défi qui commence par tarir la source de pollution, à des milliers de kilomètres d’Accra, dans les usines qui sortent des centaines de collections par jour. Mais aussi ici, dans nos choix, nos pulsions d’achats, nos envies.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.