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Michel Guilbert, 70 ans, raconte sa vie de médecin généraliste avec humour et dérision

Ce n'est pas l'un de ces docteurs ou professeurs que l'on voit quotidiennement à la télévision nous parler du Covid-19. Michel Guilbert, médecin de Bagneux qui n'exerce plus en cabinet, raconte des anecdotes drôles ou tristes sur un site.

Article rédigé par franceinfo - Franck Cognard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un médecin va prendre la tesion d'une patiente. Photo d'illustration. (MICHÈLE CONSTANTINI
 / MAXPPP)

Un médecin généraliste, un médecin de famille, vient de publier sur le site de l’Obs/Rue 89 quelques souvenirs de ses 40 ans de métier. Il s’appelle Michel Guilbert, a 70 ans, et il exercait à Bagneux, en banlieue sud de Paris. De ses 40 ans de médecine du quotidien, il raconte par exemple son premier malade du Sida, un ami, dans les années 80 où un test positif était neuf fois sur dix un arrêt de mort : "Je tenais entre mes mains, raconte t-il, une sorte d’avis de décès d’un ami. Jamais au cours de nos études, on ne nous avait appris à gérer ce moment. Je n’étais pas du tout à la hauteur de l’évènement, lui si. Je le trouvai aussi élégant dans la maladie que dans la bonne santé."

Autre souvenir, celui de son vol plané finissant contre un mur. Vol déclenché par un mari violent, une énorme masse de muscles que Michel Guilbert veut tenter d’arrêter "quand, poursuit-il, la porte de l’ascenseur s’ouvre sur deux policiers. Je crois que cette année-là, j’ai cotisé pour les orphelins de la police".

Des récits plus que vrais 

Il y a du tragi-comique dans ce que livre Michel Guilbert, il y a du franchement drôle, du touchant et du goût pour écrire. Il y a quelques années, il a publié un livre, sur les perles de ses patients comme celles-ci : "J'ai fait un coma idyllique" ou "Le gynéco m’a fait un toucher recto-verso" ou "J'ai une hernie fiscale".
Michel Guilbert a donc le goût des mots, comme il a eu le goût des visites à domicile. Cela ne se fait plus trop aujourd’hui. Il écrit : "Docteurs, faites les visites, sinon vous ne serez jamais mordus par un chien, enfermés dans le placard à balais, bloqués dans un fauteuil qui s’écroule sous votre poids. Mais vous ne connaîtrez pas non plus le petit café et le chocolat qui vous attend sur la nappe brodée, l’odeur des petits plats en train de cuire qui accompagne les invitations à rester manger, à soigner le chien ou réparer la télé, sans oublier le petit alcool pour la route."

Dans ses souvenirs, il parle encore de l’infirmière Claudine, du chirurgien qui veut essayer le haschich, du papier à fleurs de l’appartement de madame Ledouin, ou de la demi-finale des Girondins de Bordeaux en coupe d’Europe en 1985. Avec lui, même circoncision et excision tournent à l’anecdote poétique. Michel Guilbert n’exerce plus en cabinet, mais deux jours par semaine à la médecine du travail, parce que "sinon on ne voit jamais les gens au boulot" et préside l’association Clowns sans frontières. Il était il y a peu avec des artistes à Madagascar, auprès d’enfants en difficulté.
Comme un rappel glissé aux confrères en activité à aller voir dehors, à aller voir les gens pour comprendre ce qui se passe. Un rappel glissé à certains pontes à délaisser les plateaux télés, où leur narcissisme, juge-t-il, emporte un peu de la science et de sa vérité.

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