Afin de "stopper la haine", cette survivante d’Auschwitz utilise TikTok pour parler de la Shoah aux plus jeunes
Depuis un an, Tova Friedman, une Américaine d’origine polonaise fait des vidéos sur le réseau social , avec l’aide de son petit-fils de 17 ans. Elle raconte ce qu’elle a vécu il y 78 ans lorsqu’elle a été déportée avec sa mère. Ses réponses aux questions des adolescents cumulent des millions de vues.
Comment mettre la mémoire de la Shoah à portée de la fameuse génération Z, ces jeunes nés entre 2000 et 2010 ? Aux États-Unis, dans le New Jersey, un ado a trouvé une piste. Aron, 17 ans, a simplement ouvert un compte TikTok à sa grand-mère, Tova Friedman, 85 ans, pour qu’elle puisse raconter ce qu’elle a vécu il y a 78 ans : l’arrestation, la déportation puis l’incarcération dans le camp de la mort nazi d’Auschwitz-Birkenau en Pologne alors qu’elle n’avait que 5 ans.
"Moi, j’ai toujours entendu les récits de ma grand-mère, explique Aron dans une vidéo, mais les autres jeunes ne mesurent pas forcément ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre mondiale, et non seulement, à l’école, ce pan de l’histoire est survolé, mais sur les réseaux, je trouvais qu’il y avait de plus en plus en réflexions antisémites, donc j’ai commencé avec une vidéo, et puis ça a immédiatement marché."
@tovafriedman #answer to @to swag Tattooing a 5-year-old. The woman was also a prisoner, who didnt want to do it. She was killed after she was done with everyone. This was the reality only 78 years ago. #survivor #trut #storytime #poland #strongerthanhate #child #childhood #fyp #foryou #xyzbca ♬ New Age, a sad piano solo 10 minutes(1003982) - 8.864
Des questions, une réponse courte
Sur YouTube d’abord, puis TikTok, ensuite, Tova Friedman s’est tout de suite prêtée au jeu. Elle répond aux questions posées par les adolescents sur ce qu’elle a vécu. Oui, il y avait des enfants à Auschwitz, peu, parce que la plupart étaient gazés dès l’arrivée, mais elle et quelques autres sont restés en vie. Oui, elle a senti l’odeur des fumées qui sortaient des chambres à gaz. Oui, elle a compris très vite pourquoi les gens entraient, mais ne ressortaient pas. À chaque question, une courte vidéo, quelques secondes, c’est le format TikTok, mais ça marche.
Certaines sont vues des millions de fois. Notamment celle où elle raconte comment elle s’est fait tatouer son numéro sur le bras à l’entrée du camp. "Je n’ai pas vraiment ressenti de douleur parce que j’étais absorbée par les gestes de la femme qui me piquait avec son aiguille, elle aussi était prisonnière, on l’a forcée à tatouer tout le monde et le lendemain, elle a été exécutée."
@tovafriedman #answer to @lin.dy Yes! Continue to ask questions, because we are the last generation who will grow up with survivors still alive. Ask before it’s too late. Yes, this is the video filmed on ABC NightLine #survivor #shoah #all #human #fyp #abc #nightline #tv #truth #xyzbca #truth #history #holocaust #apush #apeuro #school #speech ♬ Exciting system spacelike Epic sound - MoppySound
À un jeune qui lui demande si ce n’est pas trop dur de parler de tout ça, elle répond qu’au contraire, c’est son devoir de survivante, celui de lever toutes les interrogations, les remarques incrédules, et faire vivre la mémoire de ceux qui n’ont pas survécu. "C’est pour eux que je fais ces vidéos, pour les enfants disparus, et pour convaincre ceux d’aujourd’hui de toujours stopper la haine", explique-t-elle.
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