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Sierra Leone : le "Cotton Tree", arbre historique, présent depuis la fondation du pays, vient de s’effondrer et suscite une vive émotion

C’est une tempête particulièrement violente en début de semaine qui a brisé son tronc en deux et a fait tomber cet arbre de 70m de haut au sol, bloquant l’une des plus grandes artères de Freetown, la capitale. Un arbre qui assisté à toute l’histoire du pays depuis 1792.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des hommes sont assis à côté de l'emblématique "Cotton Tree" tombé à Freetown (Sierra Leone), le 25 mai 2023.  (SAIDU BAH / AFP)

C’est un personnage historique, une figure nationale qui vient de tomber : celui qu’on appelle le "Cotton Tree", l’arbre à coton, de son nom scientifique Ceiba pentandra, est un kapokier de 70m de haut et 15m de large enraciné depuis des siècles à Freetown, la capitale du Sierra Leone, au bord de l’Atlantique. Un orage survenu en début de semaine a eu raison de lui et l’a cassé en deux, par le tronc dans la nuit de mercredi à jeudi. 

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Depuis, les images font le tour des réseaux sociaux, suscitant des milliers de réactions dans toute l’Afrique de l’Ouest et bien au-delà : cet arbre était une véritable icône, un témoin de l’histoire, de l’histoire de l’esclavage, de l’émancipation des affranchis, de leur établissement sur la terre africaine.

Cet arbre était un monument vivant. Il l’est devenu le 11 mars 1792, il y a 231 ans, lorsque sont arrivés les premiers esclaves affranchis par l’empire britannique. Pendant la guerre d’indépendance américaine, pour contrer la rébellion des indépendantistes, les anglais ont promis la liberté à tous les esclaves qui quitteraient leur maitre rebelle pour venir combattre au côté de l’armée britannique.

Un arbre vieux d'environ 400 ans

Ainsi, 3 000 soldats appelés les Loyalistes Noirs ont été affranchis, et parmi eux, 1 200 ont décidé de quitter l’Amérique du Nord, pour fonder leur propre nation, sur le continent de leurs ancêtres, en Afrique. Ils ont donc traversé l’océan depuis les côtes canadiennes et, après avoir accosté, ils sont venus s’asseoir sous les branches de cet arbre, le "Cotton Tree", déjà décrit à l’époque comme immense, décidant d’y fonder Freetown, la ville libre, capitale d’un nouveau pays, le Sierra Leone.

On ne connait pas son âge précis, les botanistes lui donnent autour de 400 ans, mais il est une institution, l’un des rares arbres au monde à figurer sur un billet de banque, sur des timbres, ou à être l’objet de poèmes le comparant à la Tour Eiffel et à Big Ben. Sauf qu’on ne reconstruit pas un arbre comme on restaure une cathédrale. Le président du Sierra Leone, Julius Maada Bio, promet donc d’ériger à sa place un monument, "quelque chose, dit-il sur Twitter, qui lui rende hommage".

Jeudi 25 mai, des bucherons ont commencé à débiter le tronc. Mais sur les images, on voit qu’il reste la souche, et donc les racines, ce qui fait dire aux optimistes que le monument est encore vivant, qu’il pourrait bien reprendre, renaitre, et vivre encore quelques dizaines, voire centaines d’années, encore faut-il lui laisser sa chance.

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