"Stop au double discours sur le climat" : Caroline Dennett, consultante pour Shell, démissionne et dénonce l’industrie pétrolière
Consultante depuis plus de dix ans pour la multinationale du pétrole Shell, elle a démissionné lundi et publié une vidéo d’explication largement rerise sur les réseaux sociaux. Elle y dénonce l’hypocrisie du pétrolier, la différence entre le discours public très vert de Shell et sa stratégie réelle.
Caroline Dennett était fière de travailler comme consultante pour le géant anglo-néerlandais Shell, mais les temps changent, et pour elle, le sujet n’est plus de savoir où découvrir le plus beau puit de pétrole, mais de trouver comment sortir de notre dépendance aux énergies du passé. C’est comme ça qu'elle le formule dans une vidéo publiée sur son compte LinkedIn où elle annonce qu’elle démissionne.
Pendant plus de dix ans, Caroline Dennett a produit des rapports pour évaluer la dangerosité des sites d’extraction, aussi bien pour protéger les ouvriers que pour éviter les risques de fuites d’hydrocarbures, de marée noire. Des rapports commandés par la direction mais pas suivis, et c’est pour ça qu’elle part : "J’arrête à cause du double discours de Shell sur le climat, Shell brandit la promesse de ne jamais faire de dégâts, c’est ce qu’on a nommé en interne l’objectif zéro, c’est très honorable, mais ça n’est pas suivi d’effets."
Et Caroline Dennett d’expliquer que les dirigeants de Shell savent pertinemment que l’extraction d’énergies fossiles ne peut pas être propre, qu’au contraire elle ne fait qu’aggraver le réchauffement climatique, pollue les territoires, empoisonne la faune, la flore et les populations locales. Elle dit qu’en public, Shell vante la transition énergétique, promeut le solaire et l’éolien, mais qu’en réalité, tout est fait pour extraire toujours plus, tous les investissements vont aux forages, à l’extraction de toujours plus de barils. Un double discours devenu intenable.
Entre les alertes des scientifiques du Giec, celles de l’Agence Internationale de l’Energie, celles du secrétaire général de l’ONU, les grèves pour le climat aussi, Caroline Dennett a fini par passer un point de non-retour. "Maintenant, dit-elle, j’aimerais que les dirigeants de Shell se regardent dans la glace, et se demandent s’ils croient vraiment que le gaz et le pétrole garantissent un avenir sûr à l’humanité." Dans le monde mutique de l’industrie pétrolière, la déflagration est énorme et depuis lundi, Caroline Dennett est dans toute la presse britannique, sa vidéo a été partagée des milliers de fois sur les réseaux sociaux, relayée, commentée, applaudie, comme la preuve que tout arrive. Ça n’arrêtera pas les forages, mais ça interpelle, ça invite au moins à penser contre soi-même.
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