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"Venise est une ville fragile" : le Vénitien Tommaso Cacciari lutte contre les paquebots de croisière et demande leur interdiction

Le 5 juin, il a organisé une mobilisation pour protester contre la venue d’un paquebot dans la lagune. Un combat qui a reçu le soutien d’une brochette de stars, dont le chanteur Mick Jagger et le cinéaste Francis Ford Coppola.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un paquebot à Venise le 9 juin 2019.  (MIGUEL MEDINA / AFP)

Ses armes sont des banderoles et un mégaphone. Tommaso Cacciari, la trentaine, veut faire du bruit et ça marche, puisque partout dans le monde, la presse a diffusé les images de la dernière mobilisation qu’il a organisée. C’était samedi 5 juin dans la lagune de Venise pour bloquer le passage d’un paquebot.

Il faut imaginer le MSC Orchestra, tellement gigantesque qu’à côté le palais des Doges ressemble à une maquette, et face à lui, une armada de petites barques, remplies de Vénitiens brandissant des drapeaux "No grandi Navi", "non aux grands navires". David contre Goliath. Un combat que Tommaso Cacciari a commencé il y a maintenant dix ans.

Lui est né à Venise, il y a grandi, son grand-père en a même été maire, "mais il n’avait pas, précise-t-il au Corriere Della Sera, de conscience environnementale." Sous-entendu, c’était une autre génération, un autre siècle. En 2011, c’est donc le petit-fils qui rassemble une dizaine d’amis pour créer le mouvement "No grandi Navi", "non aux paquebots de croisières".

Après les premières manifestations, il n'y a pas eu de réponses. Face à l’inertie de la mairie, de la région et du gouvernement, ils décident en 2013 de se jeter à l’eau, littéralement, dans le canal, pour empêcher un paquebot d’accoster. Un geste spectaculaire qui interpelle. 

Au fil des mobilisations, les rangs des manifestants grossissent : d’une dizaine de convaincus, ils passent à des milliers, parce qu’entre temps les bateaux sont devenus un fléau. Ils raclent le fond de la lagune à chaque passage, déversent des milliers de visiteurs dans des rues minuscules et déjà saturées, ils polluent en renvoyant la fumée de leurs cheminées directement sur les maisons et enfin, ils sont dangereux. Il y a eu quatre blessés en 2019 lorsque l’un d’eux est venu encastrer ses 65 000 tonnes dans un quai.

Ce que nous voulons, c'est que les croisiéristes comprennent que Venise est une ville fragile, ces paquebots la menacent sur tous les plans, écologiquement, socialement et physiquement.

Tommaso Cacciari, porte-parole du collectif "No grandi navi"

au Corriere Della Sera

"Venise est une ville fragile, explique Tommaso Cacciari, et ces paquebots la menacent sur tous les plans, écologiquement, socialement et physiquement." Autrement dit, son existence même est en jeu. Un discours qui a convaincu bien au-delà de la lagune. En témoignent les dons d’argent réguliers faits à l’association, mais aussi cette lettre inattendue, signée entre autre par Mick Jagger, Wes Anderson et Francis Ford Coppola, envoyée la semaine dernière au gouvernement italien pour le prier de préserver Venise des paquebots géants. Cette initiative n’a pas encore fait bouger les lignes, les monstres sont toujours là, mais Tommaso Cacciari a au moins gagné la bataille de l’opinion.

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