A 11 ans, elle a fui la famine en Corée du nord
La petite fille se retrouve seule avec sa soeur et sa mère, dans leur appartement d'Eundeok, une petite ville de Corée du nord. Leur vie quotidienne, vous la découvrirez dans Paris Match. La jeune femme, qui a maintenant 26 ans, publie ses mémoires, chez Michel Lafon. Elle raconte ses souvenirs précis de cet hiver 97-98.
Dans l'appartement, il n'y a plus de chauffage et plus d'électricité. L'enfant dort dans un duvet bricolé avec de vieux vêtements. Pour acheter à manger, la famille a vendu tous les meubles, sauf une table et un placard. Sur les murs, deux portraits sont accrochés : celui du "président éternel", Kim-Il-Sung, et de son fils, Kim Jong-Il. Il est interdit de les retirer.
Les petites filles ne vont pas à l'école. Elles n'ont plus le temps, car toute la journée, elles chassent quelques denrées. Dans les champs, elles volent du riz et du maïs ; elles cherchent aussi des racines et des champignons. La faim est une obsession.
A la fin de cet hiver 97-98, la mère est épuisée. Elle prend une décision, sans doute la plus difficile de sa vie : avec ses filles, elle va s'enfuir. Une nuit, la famille s'approche du fleuve Tumen, qui marque la frontière avec la Chine. Il faut éviter les militaires qui patrouillent sur la berge. La mère va essayer de traverser la rivière à pied. Elle avance la première, dans l'eau glacée. Soudain, elle disparaît. Elle est en train de se noyer. Elle parvient à revenir en arrière, mais l'évasion est un échec.
Eunsun Kim, sa soeur et sa mère persévèrent. Elle réussissent enfin à entrer en Chine. Mais un fermier, pauvre, les achète clandestinement. Il menace de les dénoncer et de les expulser en Corée du nord. Il a une exigence : il veut un enfant avec la mère des fillettes. Cette vie est infernale. Au bout de deux ans, Eunsun Kim reprend la route. Il lui faudra des mois pour trouver un asile et la liberté. Aujourd'hui, elle vit en Corée du sud. Elle n'a que 26 ans. C'est comme si elle avait vécu des décennies.
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