Au bord de la faillite, Detroit pourrait vendre les œuvres de son musée
Le musée de Detroit va se battre
pour conserver ses chefs d'oeuvre. Ce musée est un des plus beaux des
Etats-Unis. Il possède plus de 66 000 pièces. Certaines ont une immense valeur.
Par exemple, si le musée vendait simplement un tableau de Matisse ou un
autoprotrait de Van Gogh, il gagnerait immédiatement 100 millions de dollars
(environ 75 millions d'euros). S'il vendait toute sa collection, il pourrait en
tirer 15 milliards de dollars, plus de 11 milliards d'euros.
Quinze
milliards de dollars, c'est exactement le montant de la dette publique à
Detroit. Voilà pourquoi le musée attire les convoitises. La ville du Michigan
est au bord de la faillite. Pendant longtemps, elle a été la capitale mondiale
de l'automobile. Mais l'industrie s'est enfoncée, la pauvreté a explosé. Les
caisses de Detroit sont vides.
Sur
le site du journal Le Monde, le blog Big Browser raconte la déconfiture de Detroit. Depuis le mois de mars, la commune va si mal
qu'elle est placée sous tutelle. Le gouverneur de l'Etat a nommé un
administrateur, un certain Kevyn Orr. Cet homme est chargé de redresser les
finances de la ville. Il a les mains libres. Il peut prendre des décisions sans
passer par le conseil municipal. Le mois dernier, Kevyn Orr a suggéré toute une
série d'économies : diminuer le nombre de fonctionnaires, tailler dans leurs
pensions de retraites, réduire l'éclairage dans les rues... Il a aussi eu cette
idée : mettre à contribution le musée municipal.
Les
réactions ont été immédiates, partout dans le pays. Le blog Big Browser cote
notamment le président de l'Alliance américaine des musées, un des plus
virulents : "le musée de Detroit doit être un point d'ancrage pour la
renaissance de la ville, et non une source de revenus". Pour lui, et pour
beaucoup d'autres, il n'est pas question de toucher aux oeuvres d'art.
Le
premier intéressé, le musée de Detroit, est exactement sur la même ligne. Il
refuse de vendre sa collection pour renflouer les caisses de la ville. Il est prêt
à engager un bras de fer avec l'administrateur de la ville. Sa vice-présidente
est catégorique.
C'est une question de principe : "les collections appartiennent au public
(...) Si des oeuvres d'art sont vendues, ce sera uniquement au profit du
musée". Comme nous sommes aux Etats-Unis, l'affaire a déjà pris un tour
judiciaire. Pour protéger ses trésors, le musée vient d'embaucher un avocat, un
spécialiste des faillites.
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