En Italie, le comique Beppe Grillo bouscule le paysage politique
Beppe Grillo, c'est d'abord un slogan : "Vafanculo", littéralement "va te faire foutre". En Italie, avec ses amis, il vient d'obtenir 12% des suffrages aux élections municipales. Un de ses candidats, Federico Pizzarotti, remporte la ville de Parme, une commune de 200.000 habitants environ. La classe politique prenait Beppe Grillo pour un comique, une sorte de Coluche - version italienne. Elle découvre un phénomène : à 63 ans, avec ses cheveux en bataille et sa barbe poivre et sel, l'amuseur veut casser tout le système politique.
Grillo est un homme populaire, et depuis longtemps. Dès les années 1980, il attire le public dans les cabarets, puis à la télévision. A l'époque déjà, il se moque des dirigeants, dénonce la corruption. Il défend les citoyens, les consommateurs. Puis il décide d'aller plus loin. En 2007, il anime le "Vaffanculo Day", avec des manifestations massives contre la classe politique. Deux ans plus tard, nouvelle étape : il crée un mouvement baptisé "cinq étoiles". Le succès est immédiat : 100.000 personnes le rejoignent.
Grillo se méfie des médias traditionnels. Il préfère s'exprimer sur son blog, très consulté. Sur Facebook, il a 830.000 amis. Plus de 500.000 personnes le suivent sur twitter. Elles guettent ses bons mots, et ses formules à l'emporte-pièce. Sans arrêt, Grillo interpelle les dirigeants italiens. Hier, Silvio Berlusconi, aujourd'hui, Mario Monti, l'austère président du conseil. Il le surnomme "Rigor Montis", une allusion à "rigor mortis", la rigidité des cadavres.
Beppe Grillo dénonce le "capitalisme" et la dérive de l'Etat. Il défend ce qu'il appelle "l'hyper démocratie". Son programme ? La mise en place d'un salaire minimum - il n'y en a pas en Italie -, mais aussi le retrait de la zone euro, et des mesures d'économie tous azimuts : sur le salaire des hommes politiques ou encore sur les dépenses militaires.
En face, les partis traditionnels accusent Beppe Grillo d'être populiste, démagogue. Le comique balaie ces attaques. Il compare son succès à la victoire des Soviétiques, à Stalingrad, en 1943, et il annonce qu'il prépare la suite : les élections législatives, organisées l'an prochain.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.