En Suisse, un homme politique assume sa "faiblesse psychique"
Yvan Perrin va mal. Il ne
s'en cache pas. Au mois de décembre, il est resté pendant trois jours enfermé
dans son appartement. Il tournait en rond, alternant l'alcool et les
pscyhotropes. Quand il est arrivé à l'hôpital, il était ivre, et dans un état
de dépression profonde. Le rapport médical s'est retrouvé à la une des
journaux. Yvan Perrin s'est expliqué dans le magazine suisse L'Express : "Oui, j'ai un goût assez soutenu pour l'absinthe. Je veille
soigneusement à ne pas en avoir à la maison pour éviter la tentation". Il
a aussi raconté une de ses cuites, lors d'une victoire électorale : "On a
fait un mélange avec tout ce qu'on a trouvé. La mauvaise idée a été de finir
avec de la crème à café..."
L'élu reconnaît que parfois
il "pète les plombs" et qu'il souffre de "faiblesse
psychiques" : "je prends les choses trop à coeur". Sur le site
du journal Le Temps,
récemment, il donnait d'autres détails : "Je suis suivi par un
spécialiste. La fragilité est là. Je suis tombé une fois dans le trou. Je sais
que je dois éviter de m'en approcher de trop près. Sachant cela, la population
de Neuchâtel doit dire si elle veut me faire confiance".
La réponse est oui. Les
electeurs font confiance à Yvan Perrin. Dimanche, ils l'ont élu au Conseil
d'Etat de Neuchâtel. Le candidat va devenir un des ministres du canton. Sur le
site du Point,
Ian Hamel estime qu'Yvan Perrin a brisé "un tabou". En assumant ses
difficultés, le candidat a touché les électeurs : "un ministre, dit-il,
n'est pas un surhomme". La franchise de l'élu est devenue un atout. Dans
Le Point, Ian Hammel rappelle d'ailleurs que son parti ne l'a jamais lâché.
Mais si la victoire d'Yvan
Perrin intéresse la Suisse, ce n'est pas seulement à cause de son état
psychologique. C'est aussi pour une raison politique. Le futur ministre est un
des leaders de l'UDC, l'Union démocratique du centre, la formation la plus à
droite du pays. Dans le canton de Neuchâtel, le gouvernement va être dominé par
les socialistes. Mais Yvan Perrin compte bien faire entendre sa voix. La
sécurité est une des ses priorités. Il connait bien le sujet. Il a été
policier. Pendant la campagne, sur des affiches, son slogan a été détourné :
"le bon sillon pour notre canton" est devenu "le bon nazillon
pour notre canton". Yvan Perrin a trouvé ça plutôt drôle.
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