Oscar Niemeyer : des courbes, du béton, et l'amour de la vie
Il travaillait depuis les années 1930. Au Brésil, Oscar Niemeyer est une icône, comme Pelé pour le football et Jobim pour la bossa nova. Si le Brésil a tant changé ces dernières décennies, c'est aussi grâce à Niemeyer et à son style : des immeubles en béton, des murs blanc, du verre, et des formes arrondies qui rappellent, disait-il, le corps des femmes.
Dès son enfance, dans les années 1920, Oscar Niemeyer dessine le plus librement possible. C'est son moment préféré : imaginer des bâtiments qui n'existent pas, se surprendre lui-même. Son maître s'appelle Le Corbusier. Le Brésilien travaille un moment avec l'architecte français, puis il imagine ses propres créations. Aujourd'hui, il y en a environ 600. En France, Niemeyer a dessiné la maison de la culture du Havre, en Normandie, un lieu unique en forme de volcan, et surtout le siège du Parti Communiste, à Paris, place du Colonel Fabien. Le président Pompidou, qui aimait l'art contemporain, affirmait en souriant que ce bâtiment était "la seule bonne chose" que les communistes aient réalisée.
Mais pour le monde entier, Niemeyer, c'est d'abord Brasilia. Une ville sortie de rien, à mille mètres d'altitude, au coeur du Brésil. Nous sommes à la fin des années 1950. Le pays veut se doter d'une nouvelle capitale. Avec l'urbaniste Lucio Costa et le paysagiste Roberto Burle Marx, Niemeyer invente Brasilia. La ville sort de terre en cinq ans seulement. Elle est inaugurée le 21 avril 1960. Elle ne ressemble à rien. Quand le cosmonaute russe Youri Gagarine découvre Brasilia, il reste stupéfait : "j'ai l'impression de débarquer sur une planète différente, et pas sur la terre". Brasilia offre un dessin en forme d'oiseau aux ailes déployées. Son parlement présente ses deux demi-sphères inversées. Sa cathédrale a des pointes blanches dirigées vers le ciel bleu.
Oscar Niemeyer aimait bâtir des églises, même s'il ne croyait pas en Dieu. Sa seule religion était le communisme. Jusqu'au bout, il a applaudi la révolution cubaine. Il y a quelques années, d'ailleurs Fidel Castro était venu le voir dans son atelier, en déclarant : "il n'y a plus que deux communistes dans le monde, Oscar Niemeyer et moi".
Jusqu'à ces dernières semaines, l'architecte a gardé une vitalité hors du commun. Il a vécu 76 ans avec son épouse. Quand elle est morte, Niemeyer avait 98 ans. Il s'est aussitôt remarié avec sa secrétaire qui avait 40 ans de moins que lui. En 2007, dans le journal L'Express, il essayait de définir le secret de sa longévité : "j'aime l'amité, j'aime rire, j'aime faire des blagues, et j'aime les femmes".
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