France-Argentine : une histoire commune contrastée
La vraie histoire populaire commence plus tard. C’est une histoire oubliée, celle des milliers de femmes françaises qui sont parties en Argentine dans la première moitié du XXe siècle. Le journaliste Albert Londres, ce père des reporters français, a découvert leur aventure dans un livre devenu célèbre : Le chemin de Buenos Aires, en 1927. Londres a suivi le parcours de toutes ces prostituées parties de Bordeaux ou de Marseille, qu’elles viennent de Bretagne ou du Limousin, pour aller faire le trottoir à l’autre bout du monde. Londres disait que l’Argentine devrait construire une statue en l’honneur de ces "galline" (ces poules), ces "franchuchas" comme on les appelait alors, tant elles ont contribué au bonheur de ce pays et à son développement.
Bien sûr, il y a eu d’autres échanges plus sombres, telle l’aide que l’armée française a apporté à la junte militaire argentine, après qu’elle eut repris le pouvoir en 1955. C’était en pleine guerre d’Algérie. Les Argentins craignaient la subversion communiste et le péronisme. Ils ont donc demandé aux officiers français lancé dans la bataille d’Alger des cours pour lutter contre l’opposition. Et nous leur avons appris la guerre contre-insurrectionnelle, la terreur et la torture. Les officiers que nous avons formés à ces techniques ont plus tard été les cadres de la dictature du général Videla, celle qui faisait disparaître ses opposants et qui a poussé les mères des victimes à manifester sur la place de Mai pour réclamer des explications.
À l’époque, la gauche réclamait le boycott de la Coupe du monde de football 1978, qui devait avoir lieu en Argentine. Mais l’équipe de France y est allée. Elle a joué et perdu contre l’équipe d’Argentine au premier tour. Un match mal arbitré qui a laissé bien des regrets. Espérons que cette fois, le souvenir soit meilleur et nous aide à renouer avec les faces plus lumineuses de notre histoire commune.
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