L'info de l'histoire : les élections en Russie

L'élection présidentielle en Russie se tient jusqu'à dimanche. L'occasion de revenir sur les scrutins qui y ont eu lieu depuis un siècle, avec la période soviétique.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président russe Vladimir Poutine et son prédécesseur, Boris Eltsine, lors des commémorations du Jour de la Victoire, le 9 mai 2000 à Moscou (Russie). (VLADIMIR VYATKIN / SPUTNIK / AFP)

En cette fin de semaine, les électeurs russes sont appelés à élire leur président. Sans suspense, Vladimir Poutine va s’imposer. C’est l’occasion de revenir sur l’histoire des élections dans cette partie du monde. Une histoire qui montre que la démocratie y est ancienne dans ses principes, mais très fragile dans son application. Car les toutes premières élections en Russie ont eu lieu en 1906. C’était une concession faite par le Tsar après la Révolution de l’année précédente. Seules les personnes qui payaient un impôt assez élevé, donc les bourgeois et les nobles, pouvaient voter : on n'était pas en démocratie.

Le suffrage universel instauré au moment de la Révolution de 1917

Le suffrage universel vient plus tard, au moment de la révolution de 1917. Après la prise de pouvoir par Lénine, tout le petit peuple - paysans, ouvriers - peut voter mais le parti communiste devient dominant. Deux structures parallèles s’imposent : d’un côté l’État, avec les élections au soviet suprême, le gouvernement. Un peu comme chez nous un exécutif et un législatif. En réalité, très vite, le seul parti autorisé est le parti communiste et sa hiérarchie devient la plus importante.

Les membres du parti élisent les membres du comité central qui désigne le bureau politique, celui qui dirige tout et qui, dès Lénine, impose sa volonté à tous. C’est la deuxième structure.

La fragilité de la tradition démocratique en Russie

Ceux qui sont au sommet ne sont pas vraiment élus. Lénine d’abord puis Staline, Khrouchtchev, Brejnev, Andropov et Gorbatchev étaient les patrons du parti. C’est de lui qu’ils ont tiré leur pouvoir et leur légitimité. En apparence, le président du soviet suprême était le plus haut personnage de l’État. En réalité, le premier secrétaire du parti était vraiment au sommet. On était nommé plutôt qu’élu en fait. Les élections sont devenues une sorte de rituel où l’on avalisait les candidats uniques désignés par le parti communiste.

Finalement, une réforme constitutionnelle reconnaît enfin la liberté politique à l’initiative de Mikhail Gorbatchev. Les élections au parlement ont lieu avec une opposition entre réformateurs et conservateurs, en 1989. Et c’est ce congrès démocratique qui élit Gorbatchev premier président de l’URSS, en mars 1990. Il est le seul à avoir occupé ce poste avec une élection démocratique. Mais ce système dure à peine un an. Car Boris Eltsine et les réformateurs suppriment l’URSS après le coup d’État d’août 1991.

Finalement, le 25 décembre 1991, Gorbatchev n’a d’autres choix que de démissionner d’un poste de président qui ne correspondait plus à aucun pays ni État. L’URSS était morte. La démission de Gorbatchev signait son acte de décès.

Les dirigeants sont choisis en dehors des institutions

Commence alors une courte période avec de vraies élections pour la présidence de la Russie. C’est Boris Eltsine qui les remporte puis qui est réélu avec des soutiens économiques très puissants. Il cède la place à Poutine en 2000 et encore à cette époque, le système électoral semble fonctionner à peu près. Avec des scrutateurs dans les bureaux de vote. Ce relatif pluralisme paraît durer jusqu’en 2008. Depuis, les poursuites contre les opposants, leurs arrestations, les assassinats, les fraudes, comme l’expliquent les journalistes de franceinfo, ont été constatées. Tout cela prouve la fragilité de la tradition démocratique dans le pays.

Le système Poutine montre que la légitimité reste encore dans l’État. Mais que comme au temps de l’Union soviétique, c’est en dehors de ces institutions que se choisissent véritablement les dirigeants. La double structure s’est reconstituée au profit du clan Poutine. Étrange retour du passé.

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