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Pénurie d’essence : une histoire de nos peurs

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida.

Article rédigé par franceinfo - Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Des Parisiens poussent leur voiture, faute de carburant, le 29 mai 1968 (UPI)

Semaine de grève dans les raffineries pétrolières avec le spectre de la pénurie d’essence qui est là. Les files d’attente dans les stations-service sont toujours longues. Difficile pour les professionnels de s’approvisionner.
Nous avons déjà vécu cette situation dans notre histoire récente. À plusieurs reprises, nous avons dû rationner notre consommation d’essence.

Il y a d’abord eu les grandes scansions de l’histoire qui nous ont désorganisés. En 1940 et pendant toute la guerre, nous avons dû trouver des moyens de substitution à l’essence. Il y a eu les voitures au gazogène, mais surtout les vélos, les charrettes à bras et les voitures à cheval ont retrouvé une place dans les rues. En mai 1968 aussi, avec la petite révolution, l’essence est venue à manquer.

Mais plus souvent ce sont les mouvements sociaux dans le secteur pétrolier qui ont provoqué des inquiétudes. Comme en 1955 à la raffinerie de Donges puis dans dépôts de Dunkerque, Lille et Rouen en 1955, pour des hausses de salaires. La peur du manque provoque de véritables pénuries l’année suivante. Guy Mollet, alors président du Conseil, prend la parole pour rassurer les Français. Ses mots sont d’une étonnante actualité.

L'apprentissage de la patience

Les gouvernements récents ont eu recours aux mêmes mots en 2010 et en 2013, face aux revendications des salariés du pétrole : solidarité, sens civique.

Mais souvent les personnels pétroliers ne sont pas en cause. Les grèves des transporteurs ont provoqué de grands stress ces dernières décennies. Grèves des camionneurs en 1996, puis de nouveau en 1999. On se souvient des évacuations par les CRS des barrages de poids-lourds. Et finalement le retour à la normale, après quelques jours.

En fait, nous ne sommes jamais parvenus à limiter notre consommation ou à avoir des comportements plus citoyens, dans ces moments de pénurie. Mais nous avons appris une vertu : la patience. Et ces jours-ci, elle se révèle très utile.

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