L'an I de François Hollande
François Hollande le savait, la première année de son quinquennat ferait l'objet d'un bilan. De mois en mois il l'a vu prendre un tour de plus en plus sévère. C'est pourquoi personne n'aura eu très envie de sortir les lampions ce matin à l'Elysée. Un studieux séminaire ministériel accompagné d'un déjeuner sera le seul évènement prévu à l'agenda officiel pour marquer cette première année. Chaque ministre doit y présenter son diptyque "bilan et perspectives".
76% de mécontents
Un certain nombre d'entre eux se sont attelé aux plaidoieries ce matin dans les télévisions et les radios pour tenter de défendre les critiques prévisibles. Ainsi, ce matin sur iTélé, Pierre Moscovici était-il confronté à un sondage dévastateur, affirmant que 76% des personnes interrogées jugaient négativement l'action de François Hollande. Un record en la matière. Le ministre de l'Economie a admis que "les Français attendent des résultats ". Mais il les voit aussi "conscients que nous sommes arrivés aux responsabilités dans un climat de crise exceptionnelle, jamais vu. Et nous menons une action qui est difficile qui est une action de réforme de structure qui prend du temps. Le temps des semences, le temps des fondations, et puis après le temps de la récolte et le temps des résultats ". Il qualifie le redressement de la France de "travaux d'Hercule " et réaffirme l'objectif présidentiel d'inversion de la courbe du chômage.
C'est un tout autre regard que portent les responsables de l'opposition sur ce bilan. Les responsables des oppositions devrait-on plutôt écrire car en plus de celle de la droite et du Front national, il en existe une autre à gauche, autour de Jean-Luc Mélenchon et dans une moindre mesure, du Parti communiste. Sur France Info, le chef de file des députés UMP Christian Jacob y voit un an d'occasions manquées : "On a un président qui est toujours dans cette incapacité à l'action. Et tout ça, la seule origine c'est le fait de ne pas avoir fait de choix politique clair et de s'engager dans des réformes de structure et effectivement, plus les jours passent, plus la situation devient grave ".
Mélenchon et Le Pen
Hier soir, Jean-Marc Ayrault a défendu lui aussi son bilan à la télévision et il l'a complété en annonçant que l'Etat comptait réduire sa participation au capital de certaines entreprises publiques pour dégager des marges qui lui permettront non pas de combler les trous du budget, a-t-il expliqué, mais de trouver de quoi réaliser des investissements indispensables. Une version à laquelle ne croit pas Marine Le Pen : "cette politique est le fusil à un coup. Car on a 60 milliards de particiaptions, mais on a 1850 milliards de dettes. Donc non seulement c'est dérisoire, mais c'est affaiblir l'indépendance de la France ".
A gauche, Jean-Luc Mélenchon se désole de ces privatisations, terme que Jean-Marc Ayrault refuse d'utiliser : "En plus de s'en prendre à tous les fondamentaux de la gauche, ils vont privatiser. C'est pour boucler les fins de mois. C'est lamentable ". Des visions tronquées pour Pierre Moscovici : "Il faut tout faire pour investir et sans creuser le déficit puisqu'il faut garder le cap du sérieux budgétaire. Tout en gardant nos intérêts stratégiques on peut envisager de jouer ici ou là, ça peut être réduire les taux de participations ou vendre des participations non stratégiques, mais le tout en gardant un Etat stratège, qui investit, sans dégrader les finances publiques. Ce n'est pas le retour des privatisations, c'est une gestion fine du capital de l'Etat pour permettre de mieux investir dans l'avenir du pays et de relancer son économie et sa croissance ", détaille-t-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.