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Covid-19 : "L'économie française est sous perfusion", affirme l'économiste Daniel Cohen

Alors que certains secteurs sont à l'arrêt, le directeur du département dconomie de l'École normale supérieure estime que le "quoi qu'il en coûte" est la seule option pour permettre à l'économie de rebondir une fois la crise sanitaire passée.

Article rédigé par franceinfo
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Daniel Cohen, Directeur du département d'économie de l'Ecole normale supérieure (15 janvier 2021). (FRANCE INFO/ RADIO FRANCE)

L'économie française est secouée par des signaux contradictoires. Il y a d'un côté cette crainte de récession et d'un retour à un chômage de masse en raison de la crise du Covid-19 mais la catastrophe n'est pas encore arrivée. Le nombre de défaillances d'entreprises a été moins élevé en 2020 qu'en 2019. "Le sujet, c'est s'assurer que l'économie française reste intacte, prête à rebondir" analyse sur franceinfo l'économiste Daniel Cohen, directeur du département d'Économie de l'École normale supérieure.

franceinfo: Comment va notre économie ?

Daniel Cohen : Elle est sous perfusion. Elle est sous perfusion des finances publiques. Les deux tiers de la perte de revenu qu'on a observés l'année dernière ont été portés par l'État. Donc, en effet, les défaillances d'entreprises sont un tiers inférieures à ce qu'elles sont habituellement et le revenu des ménages, selon l'Insee, a été baissé de 0,3% sur l'année 2020. Donc, on est sur quelque chose qui est visible à l'œil nu. Une perte de PIB, qui est la somme des richesses produites dans ce pays qui, elle, a été de l'ordre de 9%.  Il y a un décalage parce que en effet, on a fait - 9% de PIB et + 10 % de déficit public. Donc on voit que l'État a en effet compensé ce qui s'est passé et c'est très bien comme ça.

Ce choix du "quoi qu'il en coûte", c'était le bon choix ?

C'est le seul choix possible à partir du moment où l'État, garant de la santé publique, ordonne à tel ou tel secteur de fermer. Il n'a pas d'autres choix, j'ai envie de dire, moral, avant même de faire des choix économiques que de les dédommager. En plus, le choix économique s'impose. On a tous l'espoir que ça se termine, cette histoire. 

>> Covid-19 : le "quoi qu'il en coûte" continue encore et encore.

L'impératif économique, c'est de s'assurer que quand la reprise économique deviendra possible parce qu'on aura été vaccinés le plus vite possible, évidemment, il n'y ait pas de chômage de masse qui fasse que les gens aient du mal à retrouver un emploi (d'où le chômage partiel) et que les entreprises n'aient pas fait faillite. Qu'elles puissent recommencer à produire, à produire immédiatement après la crise sanitaire. C'est le choix moral et c'est le bon choix économique. Il n'y a pas de discussion possible là dessus.

On ne comprend pas forcément comment tout cela est financé. Il y a un an, on disait qu'il n'y avait plus d'argent dans les caisses. Depuis quelques mois on valse avec les milliards et les dizaines de milliards. Cet argent, on va pouvoir le rembourser un jour ?

La question n'est pas de savoir si on doit le rembourser ou pas. Un État n'est pas comme un particulier. Il n'a pas à rembourser sa dette. Il doit en honorer le coût. Le coût et les taux d'intérêt.

Un État a priori n'a pas une date terminale où il faut qu'il ait fini de rembourser ses crédits. Il doit payer les intérêts. D'ailleurs, dans le déficit public, il n'y a que la charge des intérêts. Or, ça n'a jamais été aussi faible.

Daniel Cohen

à franceinfo

La dette a doublé. On est à 120 %. On était à 60 % il y a 20 ans, donc la dette a doublé. On est passé de 60% du PIB à 120 % du PIB en 20 ans. La charge des intérêts de la dette, elle, a été réduite de moitié. On est passé de 3% du PIB à 1,5%. Comment c'est possible? Ça double et l'autre se réduit de moitié parce que les intérêts ont été réduits par quatre. (..) La dette n'est pas le sujet. Le sujet, c'est s'assurer que l'économie française reste intacte, prête à rebondir.

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