Désindustrialisation : "Toute la France est responsable", selon Nicolas Dufourcq, directeur général de BPIFrance
Le patron de la banque publique d'investissement publie "La désindustrialisation de la France", aux éditions Odile Jacob.
Entre 1995 et 2015, la France a perdu presque la moitié de ses usines et environ un tiers de ses emplois industriels. Qui a provoqué cette hémorragie ? Invité éco de franceinfo lundi 13 juin, Nicolas Dufourcq vient de publier La désindustrialisation de la France (Odile Jacob). Pour le directeur général de BPIFrance, "toute la France est responsable" de ce qu’il appelle un "drame".
"Ceux qui étaient en responsabilité à l’époque étaient essentiellement tous parisiens, au contact d’un monde idéologique ultra anglo-saxon, qui considérait que le libre-échange ne ferait aucune victime et que le fabless [l’absence d’usines] était une bonne chose", explique-t-il. Nicolas Dufourcq estime que, dans les années 1990 et 2000, "la France a vieilli en silence", ratant, notamment, la montée de la Chine. "Mais personne ne pouvait imaginer que la Chine allait multiplier la taille de son industrie par sept en dix ans…"
"Une remarxisation de la gauche"
Le patron de BPIFrance s’arrête longuement, dans son livre, sur l’attitude des gouvernements qui se sont succédé et sur leurs politiques économiques et industrielles. Il pointe ce qu’il appelle "le gauchissement funeste du socialisme français". Sur franceinfo, il dit regretter l’évolution de cette gauche "à partir de la fin des années 1990", très différente, selon lui, de celle qui avait précédé, c’est-à-dire "une gauche radicalement hostile à la fuite en avant de l’État providence".
"A partir de 1995, poursuit-il, ceux qui défendent cette posture-là sont considérés comme des libéraux, puis des ultra-libéraux (…) Avec d’ailleurs, à cette époque-là, le retour d’une analyse extrêmement marxiste de la société qui avait pour l’essentiel disparu depuis 1985".
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