Jean-Pierre Blanc (Malongo) : "Pour les Français, le café équitable est devenu un achat courant"
Jean-Pierre Blanc, le directeur général des cafés Malongo, 400 salariés, était l'invité de "L'Interview éco" vendredi, à l'occasion de la Quinzaine du commerce équitable.
Le directeur général des cafés Malongo, Jean-Pierre Blanc, était l'invité de "L'Interview éco" vendredi 11 mai sur franceinfo, à la veille du coup d'envoi de la 18e édition de la Quinzaine du commerce équitable. L'an dernier en France, les ventes de commerce équitable ont augmenté de 10%. Elles dépassent un milliard d'euros. Le café équitable, produit star du commerce équitable, "est rentré dans les achats courants des Français", estime Jean-Pierre Blanc. Aujourd'hui, "on trouve des produits du commerce équitable à des prix équivalents aux cafés conventionnels" car "les distributeurs vendent en réduisant leurs marges ou en supprimant leurs marges", précise le patron de Malongo
franceinfo : Quand avez-vous découvert le commerce équitable ?
Jean-Pierre Blanc : Je suis tombé dans le commerce équitable par hasard en 1992. J'ai découvert une petite coopérative dans l'isthme de Tehuantepec, au Mexique. J'ai découvert un prêtre hollandais fantastique, docteur en économie, le père Francisco Vanderhoff, qui a créé avec un partenaire hollandais le label Max Havelaar. L'idée était de vendre un produit biologique de qualité à un prix plus cher que celui du marché pour donner suffisamment de revenus dans ces zones rurales reculées où il y avait des indiens extrêmement pauvres et qui étaient exploités. J'ai vu les Indiens extrêmement paupérisés, j'ai vu cette volonté de faire sortir ces paysans du sous-développement. En 1992, j'ai commencé à acheter des cafés de cette coopérative. En 1997, j'ai décidé de lancer le premier produit, la boîte des "Petits producteurs", en grande distribution pour lui donner de la visibilité, pour qu'il profite au plus grand nombre.
Que représente le café équitable dans votre gamme ?
Le café du commerce équitable représente aujourd'hui plus de 60% de mes achats. Ce sont des cafés "agriculture biologique" pour la plupart. On travaille en agroforesterie : on essaie de créer une agriculture vivrière à l'intérieur des petites plantations. Aujourd'hui, un paysan cultive un hectare ou deux. Il ne peut pas devenir très riche, sauf s'il est organisé dans le cadre d'un label avec des systèmes de coopératives, où il y a une démocratie pour que personne ne prenne le pouvoir par rapport au paysan, et qu'il bénéficie du prix maximum que nous payons.
Le café est devenu le produit star du commerce équitable. Est-ce qu'il doit être plus cher ?
C'est le premier produit qui a été labellisé par Max Havelaar en commerce équitable. C'est un produit qui est rentré dans les achats courants des Français. Cela correspond principalement à une attente de faire quelque chose pour les pays du Sud, et de notre côté, en retour, d'avoir une qualité exemplaire qui est faite par des petits producteurs. Le café du commerce équitable doit être plus cher pour le consommateur. Mais ce n'est pas toujours le cas. Les distributeurs vendent en réduisant leurs marges ou en supprimant leurs marges. Ce qui fait que l'on trouve des produits du commerce équitable à des prix équivalents aux cafés conventionnels. Il y a une réflexion qui est faite avec les grands distributeurs français sur le développement des produits équitables, le développement des produits bio et l'accompagnement avec des coopératives et des filières.
Le chiffre d'affaire de Malongo dépasse 100 millions d'euros. Vous restez un petit acteur du café. Cela ne vous dérange pas ?
Au contraire. Nous sommes une PME de 400 salariés. On ne veut pas devenir un gros groupe. On a une adhésion de tous nos collaborateurs qui sont engagés comme moi dans cette aventure du commerce équitable. Nous voulons rester à taille humaine parce que nous faisons des choses concrètes. Quand on décide de monter une coopérative, on le fait avec plaisir.
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