Négociations commerciales : les producteurs de lait demandent aux distributeurs "une augmentation des prix de 12%"
"En dessous d'une augmentation des prix de 12%, ce sera extrêmement difficile pour la filière laitière", a affirmé, mercredi 1er mars sur franceinfo, Damien Lacombe, président de la coopérative Sodiaal, première coopérative laitière française, à quelques heures de la fin des négociations commerciales entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs. "C'est bien là l'objectif final qui est fixé, insiste Damien Lacombe. On a demandé des hausses de tarifs auprès des distributeurs qui correspondent réellement à l'évolution de nos coûts."
Le président de Sodiaal souligne avoir "besoin de cette augmentation-là pour la répercuter sur les exploitations". Dans sa coopérative, "le prix du lait a augmenté l'année dernière de 23%", soit "plus que l'inflation moyenne". "Cela ne peut durer", alerte Damien Lacombe. Il pointe "beaucoup d'objectifs à couvrir", notamment celui de l'"attractivité" ou encore "des transitions, de la décarbonation" : "On a des gros investissements à mener et ça se fera grâce à la valeur qu'on dégagera de nos produits." Il plaide pour un "pacte avec les consommateurs autour du juste prix qui permet de rémunérer les producteurs. C'est extrêmement important et extrêmement urgent dans la situation où l'on est aujourd'hui".
"Très opposé" à l'idée d'un panier anti-inflation
Damien Lacombe se dit par ailleurs "très opposé" à l'idée lancée par le gouvernement d'un panier anti-inflation d'une cinquantaine de produits. "C'est revenir quatre ans en arrière par rapport à ce qu'a apporté la loi Egalim" censée protéger le revenu des agriculteurs. "C'est un retour à la guerre des prix si on rentre là-dedans", estime Damien Lacombe. Selon lui, les distributeurs "vont forcément répercuter leur demande sur les fournisseurs que nous sommes aujourd'hui. Et on sait qu'on ne peut pas répondre à cette demande".
Pour le patron de la coopérative laitière, "le sujet de la précarité alimentaire doit être géré différemment". "Il y a cinq ou six millions de Français qui ont des difficultés à se nourrir", rappelle Damien Lacombe. Le président de Sodiaal assure avoir "des projets qui sont à l'étude", comme ce qu'il se fait "par exemple aux États-Unis où il y a des systèmes qui permettent aux plus démunis de se nourrir". "Il faut arriver à régler le social par une aide sociale", ajoute Damien Lacombe, comme "un chèque alimentaire ou quelque chose de plus élaboré. On a travaillé sur ce sujet-là. On va partager avec les pouvoirs publics". Mais il insiste : "Clairement, le panier anti-inflation nous ferait revenir quatre ans en arrière et on ne peut pas se permettre de revenir quatre ans en arrière."
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