"On a investi sur nos sites de Bordeaux, Cholet et Belleville afin d'augmenter la capacité de production", déclare le DG de Bénéteau

Le fabricant de bateaux affiche un chiffre d'affaires en hausse de 18%, Bruno Thivoyon, le directeur général du groupe est l'invité éco de franceinfo mercredi.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 6min
Bruno Thivoyon le 20 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Bénéteau, le fabricant français de bateaux de renom, fête en 2024 ses 140 ans d'existence. Le groupe vient de publier des résultats financiers impressionnants, avec un chiffre d'affaires en hausse de plus de 18% pour atteindre 1,7 milliard, une marge opérationnelle de près de 14% des ventes de bateaux en hausse de plus de 30%. Bruno Thivoyon, le directeur général du groupe, explique sur franceinfo, mercredi 20 mars, que le groupe Bénéteau compte "8 000 collaborateurs", dont "5 000 en France". Et qu'il possède "quinze usines qui fabriquent des bateaux", dont "neuf en France".

franceinfo : Le marché du bateau de plaisance ne connaît-il pas la crise ?

Bruno Thivoyon : Le groupe Bénéteau, c'est 140 ans d'histoire. Une histoire qui a commencé en Vendée, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, quand Benjamin Bénéteau a conçu et réalisé les premiers bateaux de pêche en bois à voiles. Une histoire qui s'est développée de génération en génération, ensuite Annette Roux a démocratisé le marché de la plaisance à la voile dans un premier temps, à moteur dans un deuxième temps. Et aujourd'hui, Bénéteau, c'est le groupe Bénéteau.

"C'est le leader mondial de la voile en monocoque et en multicoque. C'est leader européen du bateau à moteur de 5 à 25 mètres et qui ne fait pas de yachts."

Bruno Thivoyon

sur franceinfo

Bénéteau a publié effectivement des résultats extrêmement solides. Donc bravo aux 8 000 collaborateurs qui les ont faits. Parce qu'on est 8 000 dans le groupe, dont 5 000 en France. On a quinze usines qui fabriquent des bateaux, il y en a neuf en France, et arriver à faire reconnaître la qualité de ce savoir-faire, c'est quelque part ça qui est traduit par les résultats qu'on a publiés hier. Ça réduit également le fait qu'on a eu ces trois, quatre dernières années, une stratégie de croissance en valeur plus qu'en volume et de proposer de nouvelles solutions.

On voit une très forte progression du marché, après le Covid.

Une très forte progression en volume dans un premier temps. Post-Covid, beaucoup de monde voulait aller dehors en bateau et profiter. Depuis un an, un an et demi, c'est plutôt la croissance en valeur qui a porté notre développement.

Cela signifie-t-il que vous vendez moins de bateaux, mais que vous les vendez plus cher ?

Ça veut dire qu'on a vendu moins de bateaux que sur l'exercice précédent, effectivement, et que ça dépend des segments sur lesquels on est. Sur la voile, on a vendu plus de bateaux et des bateaux qui sont de plus en plus agréables à naviguer, qui sont de plus en plus grands, mais qui sont toujours sur une taille de 30 pieds à 70 pieds, donc, on va dire de 10 mètres à 25 mètres comme je disais pour la voile. Et par contre, sur les petits bateaux à moteur, là, c'est un marché qui s'est quand même ralenti post-Covid, qui s'est ralenti fin 2022, début 2023. Et là, on a davantage une proposition de valeur qui s'est améliorée, qui a permis de continuer à croître, bien que le marché se soit ralenti.

Comment expliquez-vous ce ralentissement du marché du bateau à moteur ?

Il y a un peu l'inflation des prix des matières premières en particulier, un peu l'inflation des carburants, un peu l'augmentation des taux d'intérêt qui ont repoussé certaines décisions d'acquisitions. C'est pour ça que c'est important d'avoir une stratégie de croissance en valeur qui permette de rester en croissance, de rester profitable, de continuer à investir. Bien que le marché en nombre d'unités livrées, surtout sur le marché américain, surtout sur les petites unités, était en ralentissement depuis deux ans maintenant.

Peut-on acheter un bateau à plusieurs plus facilement désormais ?

On peut désormais être membre d'une copropriété qui va co-utiliser un bateau.

" On a racheté en 2023 une société qui s'appelle Wiziboat, qui est en fait une plateforme de co-propriété pour bateaux."

Bruno Thivoyon

sur franceinfo

Et ça commence à marcher. Ça marche très bien aux États-Unis depuis un certain temps, ça commence à prendre en France. On va le développer pour la première année sur l'exercice 2024 en France, on va accélérer son développement sur l'ensemble de l'Europe, le tout en s'appuyant sur un autre de nos points forts, qui est notre réseau de distribution. On a un réseau de distribution qui est complètement mondial, on exporte 85% de notre chiffre d'affaires, on est un leader français, mais avec une présence mondiale très forte. Et donc notre réseau de distribution européen va nous servir à accélérer cette co-propriété.

Avez-vous dû augmenter la cadence pour suivre le rythme des commandes ?

On a à la fois augmenté et à la fois rendu plus agiles nos sites industriels. On a investi sur notre site de Bordeaux, sur le site de Cholet, sur notre site de Belleville afin d'augmenter la capacité de production, pour être capable, en même temps qu'on lançait des nouveautés, de pouvoir continuer la production de séries existantes. C'était extrêmement important d'être agile et d'être en mesure d'augmenter graduellement ou de réduire graduellement plutôt que de fonctionner par à-coups comme on était obligé de le faire avant de faire ça.

Les salariés aussi ont-ils dû s'adapter, en termes de temps de travail ?

On a modulé sur plusieurs années le temps de travail en fonction de ce que donnait notre carnet de commandes, ce qui nous permet de ne pas prendre de mesures difficiles, de conserver l'emploi, de moduler la capacité de production et le temps de travail de nos collaborateurs sur une période plus longue, en conservant notre savoir-faire au sein du groupe.

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