"On va mettre des recettes au dos des paquets pour donner de la variété à la purée", déclare Philippe Fardel, président de Mousline

Philippe Fardel, président de Mousline, est l'invité éco de franceinfo, mercredi, pour détailler la stratégie de la marque.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Philippe Fardel, président Mousline, le 8 novembre 2023. (RADIOFRANCE/ FRANCEINFO)

La purée Mousline fête ses 60 ans cette année. Il y a un an Mousline a été vendue par Nestlé au fonds d'investissement français FNB pour un montant qui n'a pas été révélé. Philippe Fardel a alors pris la tête du groupe en se donnant cinq ans pour relancer la marque.

Philippe Fardel, président de Mousline, est l'invité éco de franceinfo, mercredi 8 novembre.

franceinfo : Relancer la marque, c'est compliqué malgré la notoriété incontestable de Mousline ?

Philippe Fardel : Oui, c'est un peu un défi. Avec des matières premières en hausse, la pomme de terre en elle-même, pas que pour nous, mais pour l'ensemble de la filière pommes de terre. Entre les sécheresses et la maturité, au détail, c'est 20% de hausse. C'est à peu près pour nous deux ou trois centimes à la portion, mais ça reste une hausse.

On est passé d'une portion à 0,18 euro à une portion à 0,21 euro. Quand vous êtes arrivé aux commandes, vous vouliez redresser cette marque avec des ventes en baisse à l'époque de 2% par an. Est-ce que les ventes se sont redressées depuis ?

Oui puisque fin septembre, on a des hausses de ventes, en volume, de plus 2%, donc on a renversé la vapeur.

En France, c'est la seule marque de purée de pommes de terre déshydratée, il n'y a pas de concurrent à part les marques de distributeurs. Vous avez 70% de parts de marché, comment est ce qu'on en conquiert plus ?

En allant rechercher des consommateurs, parce qu'il y a eu des gens qui ont abandonné un peu la purée Mousline, la purée déshydratée. Tout le monde la connaît la marque, plus de 97% de taux de notoriété, mais un peu une désaffection parce que la marque n'a rien fait pendant des années. L'ancien propriétaire n'a rien fait pendant des années et donc notre travail, c'est de réveiller cette belle endormie comme on aime à le dire. Et puis de passer du placard à l'assiette aussi. Parce que l'acheter, c'est une chose, la consommer c'est encore mieux. Et donc on a mené un certain nombre d'actions pour relancer la marque.

C'est qui votre client type aujourd'hui ?

Il y a deux choses. Il y a la partie restauration, en dehors de la maison. Et là, c'est plutôt la partie restauration collective, les cantines. Parce que c'est pratique, parce que c'est mangé par tout le monde, les enfants adorent ça. Et puis, à la maison, c'est plutôt des familles avec enfants, très populaires au sens positif des choses. Mais la praticité, la gourmandise, tout le monde aime ça. Et on a souvent des enfants qui préfèrent la purée Mousline à la purée maison.

Sauf que l'heure n'est plus à la nourriture transformée au plat tout prêt, mais la cuisine faite maison. Au fond, une purée, ce n’est pas compliqué à faire ?

C'est du temps, c'est un peu aussi de travail. Là, nous, la purée Mousline déshydratée que l'on propose, c'est à plus de 99% de la pomme de terre, donc après, chacun se l'approprie. C'est une base qui permet de faire une recette maison.

Et c'est ça que vous êtes en train de mettre en place, des recettes ?

On lance et on va communiquer sur des recettes maison. Alors bien sûr, tout le monde met du beurre, tout le monde met du fromage ou des basiques. Mais on va lancer dans nos nouveaux packagings, à partir de février, des recettes au dos des paquets pour donner de la variété à la purée Mousline.

Vous présentez la purée Mousline comme une arme anti-inflation. C'est moins cher qu'une assiette de coquillettes par exemple ?

Oui, c'est moins cher qu'une assiette de coquillettes, c'est moins cher qu'une assiette de riz, c'est moins cher qu'une assiette de semoule, c'est moins cher, même quand on fait à la maison la pomme de terre. Donc oui, c'est le plat par excellence, économique et facile.

Vous avez une usine à Rosières, dans la Somme, et se tient en ce moment la semaine des métiers de l'agroalimentaire. Est-ce que vous avez du mal à recruter ?

Oui, bien sûr, on a du mal à recruter, un peu comme beaucoup de confrères dans l'agroalimentaire. Ce sont des métiers qui, en effet, ont des rythmes de travail nécessitant très souvent, dans les usines, ce qu'on appelle les trois-huit ou des quatre-huit. Donc des rythmes décalés parfois, travaillant quelquefois aussi le samedi ou le dimanche, selon la demande. Mais ça reste des métiers qui permettent, sur une zone géographique, d'employer beaucoup de monde, entre autres, non qualifiés.

Vous avez combien de salariés, aujourd'hui, dans l'usine de Rosières ?

On a 180 salariés, à peu près sur l'usine de Rosières, avec toujours des postes à pourvoir.

Qu'est-ce que vous mettez en place comme stratégie pour y remédier ?

Plein de choses. On a mis en place déjà le partenariat avec les salariés. C’est-à-dire que si des salariés nous amènent des candidats, il y a des primes pour le salarié. Et puis on parlait de la semaine de l'emploi dans l'agroalimentaire. Donc là, à cette occasion, on a, avec Pôle emploi local, mis un certain nombre d'actions en place. Encore ce vendredi, on va avoir deux séances de job dating. Il y a 82 candidats qui se sont inscrits. Donc c'est très intéressant pour nous et on espère pouvoir en tirer trois ou quatre personnes au moins qui peuvent être intéressées par nos postes.

Aujourd'hui vous n'avez plus cette image de pénibilité qui vous concerne ?

Non, pas beaucoup, mais vous savez nous notre concurrence, entre guillemets, c'est un entrepôt logistique, Amazon par exemple. Voilà la pénibilité dans ce travail-là, il y en a. Ceux qui ne veulent pas travailler, ce n’est pas pénible, mais à partir du moment où vous voulez travailler, il y a des contraintes.

Vous allez également chercher des compétences à l'étranger ?

Oui parce qu'il y a des postes vraiment en souffrance en France. Si on prend un exemple, un électromécanicien, donc quelqu'un qui a une formation, on en trouve peu ou pas du tout. On travaille aussi avec les écoles dans notre bassin d'emploi pour recruter. Et puis à l'étranger, là, on est en train d'essayer de faire venir, même hors Europe, des gens qui sont formés à ça.

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