Paris 2024 : "On a déjà plus de 150% de réservations par rapport à l'année dernière", annonce HomeExchange, la plateforme d'échange de maisons

À près de 100 jours de l'ouverture des Jeux olympiques, le marché d'échange de logements se présente comme une alternative intéressante aux hôtels et plateformes de location. Charles-Édouard Girard, président de HomeExchange est l'invité éco de franceinfo.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 8min
Charles-Édouard Girard, président d'HomeExchange, invité éco de franceinfo. (RADIOFRANCE)

Charles-Édouard Girard est co-dirigeant de HomeExchange, une plateforme d'échanges de maisons de particulier à particulier, créée à l'origine à New York par et pour des enseignants. En France, HomeExchange a commencé par des échanges de maisons, il y a une douzaine d'années. Petit à petit, ils ont racheté leurs concurrents, y compris les inventeurs américains de la formule.

franceinfo : Aujourd'hui, vous êtes le leader mondial du secteur. Dans quelle proportion ?

Charles-Édouard Girard : Aujourd'hui, on compte à peu près 167 000 abonnés, ça représente 90% du marché de l'échange de maison.

On prédit parfois une fuite des Parisiens, notamment pour l'échange de maisons. Cela se confirme-t-il pour les Jeux olympiques ?

Ça va marcher très bien. En tout cas, on le souhaite. On a déjà plus de 150% de réservations par rapport à l'année dernière. Et ce n'est que le début, parce qu'en fait, l'échange peut même se faire au dernier moment. Donc oui, il y a une forte augmentation et j'espère que ça permettra de continuer de faire de l'échange.

Tous les types de logements trouvent-ils preneur ? Et peut-on vraiment échanger, par exemple, un petit appartement parisien typique contre une maison de rêve ?

Grâce à notre système de points qu'on a défini et qui permet de faire tout type d'échange, on arrive à faire des échanges avec tout type de maisons. Il faut quand même dire qu’en France et sur Paris, les appartements sont plus petits alors qu'aux États-Unis, les maisons sont globalement plus grandes. Donc si vous voulez faire des échanges avec les États-Unis, souvent, on a des maisons plus grandes en échange d'un petit appartement et ça ne dérange pas les Américains.

Toujours à propos des Jeux olympiques qui vont arriver, les villes les plus demandées suivent-elles effectivement le tracé des épreuves ?

On voit une forte augmentation sur Paris et la région parisienne, par exemple autour de Versailles. Souvent, Paris est quand même la destination la plus demandée, mais en région parisienne aussi. Et après, on va le voir dans des régions, à Marseille ou dans d'autres zones qui sont des lieux de compétition pour les Jeux olympiques.

Et d'où viennent tous ces visiteurs qui seront les premiers spectateurs des Jeux olympiques ?

Les premiers visiteurs qui font de l'échange sont quand même les Français. Tout simplement parce que c'est une façon un petit peu moins onéreuse de voyager. Après, on va trouver des Espagnols et en troisième des Américains.

Vous avez bataillé à Amsterdam, aux Pays-Bas, à Édimbourg, en Écosse, parce que là-bas, on vous assimile à un Airbnb, donc un logement particulier là aussi, mais de manière classique. Et les Pays-Bas, l'Écosse veulent vous faire payer une licence, limiter vos échanges dans le temps, limiter le nombre d'occupants. Avez-vous gagné cette bataille ? Où en êtes-vous ?

Avec l'Écosse, on a réussi en montrant la grande différence et en expliquant bien que personne ne gagne de l'argent en faisant de l'échange de maison. Et ça ne crée pas des zones inhabitées parce qu'il y a que des locataires, et ça n'augmente pas le prix des loyers. Il n'y a pas d'argent à se faire dans l'échange de maison. C'est vraiment pour les vacances. On va faire un échange. Donc c'est ça qu'on défendait dans des villes comme Édimbourg et on a réussi à convaincre le gouvernement là-bas et on a fini par réussir à gagner sur cette partie-là.

À Amsterdam, c'est un tout petit peu différent, un peu plus compliqué, on va dire. Je pense que ce que cherche à faire la ville d'Amsterdam, c'est de limiter le tourisme. Et même si grâce à l'échange de maison, vous ne faites pas de surtourisme - puisqu’on a 80% de résidences principales et donc on va remplacer une personne par une autre - on n'a pas réussi à les convaincre que ça serait quand même vertueux. Mais on ne désespère pas. Aujourd'hui, on a quand même réussi à les convaincre d'attendre avant de légiférer. Donc on a encore un peu moins de douze mois pour les convaincre.

Avez-vous des craintes ? Cette envie de vous taxer, de réduire le nombre d'échanges parce que vous faites effectivement de la location entre particuliers, pourrait devenir contagieuse, mais avec une autre marque de votre groupe cette fois. Pourrait-on encore vous assimiler à une location classique ailleurs ?

C'est vrai qu'on a fait une tentative dans la location parce qu'on avait des gens qui nous le demandaient. Et puis, en fait, on s'est rendu compte que ce n’était pas notre métier et qu'on ne savait pas bien le faire. Donc on a fermé cette offre qui n'existe plus depuis six mois et on se concentre vraiment sur ce qu'on fait de mieux, c’est-à-dire l'échange de maisons. Le risque existe toujours, c'est un peu parfois la rançon de la gloire. Je pense qu'il y a une volonté de beaucoup de gouvernements de réglementer au sens peut-être de contrôler, c’est-à-dire, savoir qui vient dans sa ville, qui vient dans son pays. Et ça, finalement, c'est un problème un peu philosophique. Est-ce qu'on a le droit de contrôler les gens ? Ça, je ne suis pas sûr qu'on soit contre ce point de vue, sachant qu'il faut que ce soit avec l'accord des gens. Et le deuxième point de vue, c'est, est-ce qu'on répond à une autre façon de voyager ? Pour moi, c'est là-dessus qu'il faut être assez fort. L'échange de maison permet à plein de gens de voyager, ce qui n'est pas forcément le cas avec la location et donc on veut se positionner comme une façon de voyager qui ne crée pas de tourisme parce qu'on remplace quelqu'un dans 80% des cas.

Pour autant, vous visiez il y a quelque temps un million d'adhérents et vous êtes, vous le disiez, sous les 200 000. Comment expliquez-vous que ça ne décolle pas vraiment ?

En fait, je pense que pendant très longtemps, ça n'a pas décollé parce qu'il faut beaucoup d'annonces pour que ça fonctionne. Et en grandissant, on voit ce qu'on appelle des effets de seuil. Sur la France par exemple, on voit qu'on a chaque année depuis trois ans, plus de 50% de croissance. La France est en train de devenir un très grand pays d'échanges et on fait tout pour convaincre. Mais ça reste toujours pareil. Il faut un tout petit peu de temps pour convaincre. On est assez persuadés qu'en continuant comme ça, avec 50% de croissance par an, on arrivera assez vite dans nos chiffres.

Est-ce pour ça que vous avez une dernière création qui s'appelle HomeExchange Collection pour échanger des maisons d'exception ? Cela signifie-t-il que le club n'accepte plus tout le monde finalement ? C'est fini l'esprit "prof" ?

Non, le club accepte tout le monde. Pour être totalement transparent, on s'était rendu compte qu'il y avait une catégorie de maisons qui sont des maisons exceptionnelles. Et ces maisons exceptionnelles ne répondaient pas forcément de façon agréable parce que les propriétaires trouvaient que les maisons qu'on leur proposait en échange n'étaient pas à la hauteur de leur maison. Et nous, on continue à croire que l'échange de maison, c'est la bonne façon de voyager, qu'on possède une très belle maison ou une maison plus normale. Et donc on s'est dit qu'on allait essayer de créer un club de gens qui préféreraient échanger entre eux, ça ne nous dérange pas dans l'absolu. On a envie que tout le monde puisse échanger.

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