Pesticides : le journaliste Fabrice Nicolino dénonce "une bombe à fragmentation"
Dans son nouveau livre, Fabrice Nicolino enquête sur les SDHI, des fongicides très répandus, et très dangereux selon lui. Il met en cause l'Anses, l'Agence publique de sécurité sanitaire.
C’est un cri d’alarme autant qu’une enquête. Le journaliste Fabrice Nicolino, qui dénonce depuis plusieurs années l’usage des pesticides, publie Le crime est presque parfait, aux éditions Les liens qui libèrent. Il met au jour le grave danger que constituent, selon lui, les SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase), des fongicides très répandus.
"Au moment où je vous parle, explique-t-il, on épand des SDHI sur 80% des surfaces de blé, à peu près autant sur l’orge, sur les arbres fruitiers, sur la vigne, sur les semences, sur les tomates, sur les pommes de terre, sur les terrains de foot..."
L’alerte de neuf spécialistes
En avril 2018, un scientifique réputé, Pierre Rustin, a tiré la sonnette d’alarme. Avec d’autres chercheurs, il a interpellé l’Anses, l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Ce spécialiste des maladies mitochondriales redoute les effets possibles des SDHI sur la santé humaine : "On court le risque évident, explique Fabrice Nicolino, de se retrouver dans dix, quinze ou vingt ans, avec des maladies très graves (…) des maladies neurologiques, des cancers, etc..."
Le journaliste met en cause l’Anses qui, selon lui, a traité les scientifiques "extrêmement mal". L’autorisation accordée aux SDHI a été maintenue. Pour l’agence publique, "il n’y a pas d’éléments en faveur de l’existence d’une alerte sanitaire".
L’Anses "fait partie du lobby des pesticides"
Fabrice Nicolino se fait plus précis. Il pointe du doigt le travail des experts de l’Anses : "Quatre experts ont travaillé sur l’alerte lancée par Pierre Rustin et ses collègues. Trois ne savent rien des maladies mitochondriales. Quant à la quatrième, elle a partie liée, et je l’ai prouvé, avec l’industrie des pesticides. On est dans une situation de conflit d’intérêts majeur. La société française ne peut pas être protégée par son agence publique de sécurité sanitaire. Au secours !"
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