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Raymond Soubie (Alixio) : "Les retraités ne sont pas dangereux dans la rue mais dans les urnes"

Raymond Soubie, président de la société de conseil en ressources humaines Alixio, était l'invité vendredi de l'interview éco de franceinfo. Il est notamment revenu sur l'appel à la grève des syndicats de la SNCF.

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Radio France
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Raymond Soubie, vendredi 16 mars sur franceinfo. (RADIO FRANCE)

Les syndicats de la SNCF ont annoncé une grève perlée à partir d'avril jusqu'en juin pour dénoncer la réforme initiée par le gouvernement. Raymond Soubie, président de la société de conseil en ressources humaines Alixio et ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, estime vendredi 16 mars sur franceinfo que cette grève est un "minimum syndical" et juge que, plus globalement, le gouvernement a "une méthode très habile" concernant l'annonce des différentes réformes qu'il envisage.

franceinfo : Quel regard portez-vous sur les dernières heures du dialogue social ?

Raymond Soubie : On peut constater qu'il y a plusieurs réformes en cours qui posent de menu problèmes. Il y a la SNCF, pour laquelle nous avons un mot d'ordre de grève reconductible et perlé, qui d'ailleurs est un minimum syndical. Je ne crois pas que les syndicats pouvaient faire moins et ça ne veut pas dire qu'on va vers un conflit dur et long à la SNCF. À la fonction publique on est dans un processus d'application des réformes annoncées par le gouvernement dans des groupes de travail, mais pour l'heure il n'y a pas vraiment de mouvement important réel. Enfin, dans les autres secteurs de la vie et de l'économie française, on ne peut pas dire que la reprise économique entraîne vraiment des conflits sur le pouvoir d'achat à l'heure qu'il est.

Les syndicats de la SNCF annoncent deux jours de grève toutes les semaines. C'est une grève assez lourde finalement ?

C'est une grève assez lourde, mais elle est moins lourde que s'il y avait une grève totale, ce qui était le cas en 1995. Deuxièmement, c'est une grève reconductible donc elle peut ne pas être reconduite. Les syndicats sont plus faibles qu'ils l'ont été et donc ne sont pas sûrs des mobilisations qu'ils organisent et donc attendent de voir si le mouvement prend ou ne prend pas les premiers jours avant de le continuer. A la différence de 1995, il faut bien voir que ces réformes sont appuyées par l'opinion publique donc c'est difficile aussi pour les syndicats de s'opposer à l'opinion publique et de bloquer les trains pendant les périodes de vacances scolaires.

Que peut concéder chaque camp aujourd'hui ? Quelle est la réelle marge de manoeuvre du gouvernement ?

Il y a une grande marge de manœuvre du gouvernement pour l'excellente raison que, tant pour la SNCF que pour la fonction publique, il a annoncé les principes de la réforme. Par exemple, le gouvernement a dit "on va modifier le statut des cheminots pour les entrants", que va-t-on modifier réellement et dans quel sens ? Aujourd'hui on ne le sait pas, c'est soumis à la concertation et donc le gouvernement a une méthode très habile qui consiste à annoncer des principes de réforme très forts, par des voies très fortes comme les ordonnances et renvoyer pour le reste à la concertation. Ce qui lui permet d'abord de mettre les syndicats dans des groupes de travail, donc de les occuper, et deuxièmement, de choisir ce qui est risqué et ce qui n'est pas risqué.

Après la réforme de la SNCF il y a la réforme de l'Assurance chômage. Le gouvernement n'est-il pas un peu trop gourmand en matière de réformes et de calendrier ?

Sur l'assurance chômage, le gouvernement reprend le contenu de l'accord qui a été signé. Il y a un point qui sera traité lundi c'est le problème important de la gouvernance, mais là Emmanuel Macron est passé d'un système d'étatisation de l'UNEDIC, ce qu'il avait dit pendant la campagne présidentielle, à un système "on peut discuter de la place de l'État", donc il a quand même mis beaucoup d'eau dans son vin. C'est vrai qu'il y a une accumulation de réformes, une saturation de réformes. On prend des risques lorsque l'on sature par des réformes, mais en même temps on est sur plusieurs fronts et les troupes syndicales sont aussi sur plusieurs fronts. Emmanuel Macron pense que c'est le rôle de l'État plus que le rôle des syndicats et du patronat, d'avancer sur ces sujets. Donc il n'est pas favorable à la démocratie sociale au niveau des grandes réformes.

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